
KAGE
Hunter × Hunter



KAGE
❝ Vous semblez avoir hâte de mourir. Navré, mais j'ai l'intention de prendre mon temps. ❞
— Kage au Capitaine Galley lors de la bataille du Gouffre Noir
Kage est un Hunter à deux étoiles qui se spécialise dans la découverte et la protection du milieu marin. Il est notamment connu pour avoir joué un rôle capital lors de la bataille du Gouffre Noir, dans l'archipel Barusa. Après avoir étendu ses horizons en devenant Hunter sous contrats, il a été recruté au sein du Groupe Seirin et s'attèle désormais à démanteler l'Yggdrasil. Il a été formé par le célèbre Deucalion et est ensuite devenu le maître de sa petite-fille, Ada Smirnov.
Sommaire
APPARENCE
Kage est un homme relativement imposant. Si sa taille n’est pas la plus impressionnante à 1,82 m, c’est sa corpulence qui lui confère le plus clair de sa présence physique. Avec un poids de 77 kg, il apparaît comme un homme athlétique et musclé, taillé par ses efforts physiques réguliers. Il porte plusieurs cicatrices sur son corps, mais les plus sévères se trouvent sur son avant-bras droit et sont dues à des morsures de requin. Cependant, elles sont rarement visibles, puisqu’il les dissimule sous le brassard en cuir de sa lame.
Il possède des cheveux blancs, qui peuvent parfois sembler gris. Ceux-ci sont généralement coiffés en arrière, avec quelques mèches lui tombant sur le visage. En-dessous, il arbore des yeux rouges, mais leur nuance sombre laisse souvent penser à du marron, ou même à du noir. La face de Kage est angulaire, avec des traits bruts. Ses sourcils naturellement bas donnent l’impression d’être constamment froncés, ce qui est parfois interprété, à tort, comme de la sévérité. Sa bouche, pourvue de dents blanches, expose deux canines supérieures pointues, sans être anormalement longues. Enfin, il possède un teint pâle.
Nom
Surnoms
Kage
Croc Blanc
Kage aux pas de loup
Maelström de Barusa
Frappe patiente de Seirin
Profil
Genre
Âge
Taille
Poids
Date de naissance
Masculin
31 ans
1,82 m
77 kg
14 septembre
Couleur des yeux
Rouge carmin
Couleur des cheveux
Blancs
Groupe sanguin
O+
Statut
Spécialisations
Hunter
Sea Hunter
Hunter sous contrats
Affiliations
Association Hunter
Équipage du SS Valiant
Groupe Seirin
Affiliés
Père inconnu
Mère inconnue
Deucalion (maître) †
Ada Smirnov (élève)
Milo Veriti (ami)
NEN
Type
Techniques
Renforcement
Ahito le nonchalant :
Puissance Lourde
Armure Indolente
Vortex Atonique
Pour aborder ses préférences vestimentaires, Kage affectionne tout particulièrement la couleur noire et il est rare qu’il n’en porte pas. De la même manière, il se sépare rarement de ses mitaines ou de ses bottes en cuir. Il porte toujours des pantalons amples ou des shorts, afin de garder une grande liberté de mouvement. Quant aux petits objets qu’il transporte, il les garde dans une petite sacoche accrochée à sa ceinture, dans le bas de son dos. De cette manière, il peut facilement y accéder en se contentant de glisser sa main derrière lui. Les tenues de Kage peuvent changer régulièrement, à l’inverse d’un élément qui est toujours présent : une écharpe rouge en coton. Quand elle n’est pas autour de son cou, elle est nouée à sa ceinture, proche de sa sacoche.
PERSONNALITE
Kage a beaucoup évolué durant sa vie. Les conditions dans lesquelles il est né ont d’abord fait de lui un enfant gâté. Il avait besoin de confort et, en particulier, d’attention.Très vite, il a fait le nécessaire pour se faire remarquer et on a fini par le qualifier d’hyperactif. Néanmoins, c’est sans le savoir qu’il s’est mis à lutter contre ce trouble, en définissant ses objectifs et en les poursuivant activement. On pouvait constater dès son plus jeune âge que c’était un enfant déterminé, car malgré les nombreux obstacles lui faisant face, il n’a jamais douté de sa capacité à atteindre son but. Au fil des années, sa personnalité s’est grandement affinée. D’un enfant agité, il est devenu un homme calme et stable.
À ce jour, il est principalement connu pour son charisme. Comme l’a prouvé son premier voyage au Port de Dôllé, il n’avait déjà pas de mal à se faire apprécier alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Partout où il passe, on a tendance à vouloir discuter avec lui, et ce n’est pas seulement grâce à sa notoriété. Son atout principal réside sans doute dans sa grande sympathie, qu’il exprime sans discrimination envers ses interlocuteurs. Qu’il se trouve face à quelqu’un de très expressif ou, au contraire, de très discret, son comportement ne change pas. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il l’impose à qui que ce soit. Bien au contraire, il est moins envahissant que la plupart des gens et cela s’explique par la grande empathie qu’il a développée. Il déteste mettre les autres mal à l'aise et on suppose qu’il regrette l’embarras qu’il a causé durant son enfance. Dans cette continuité, on peut dire qu’il s’agit d’un homme empreint de légèreté. Il le montre notamment par sa capacité à tout accueillir avec optimisme. Tentez de le blesser et il surenchérira avec une dose d’autodérision. Les remarques désobligeantes glissent sur lui, inefficaces, parce qu’il ne se prend pas au sérieux. De cette manière, il arrive même à se lier d’amitié avec des gens qui ne sont pas enclins à l’apprécier. En définitive, Kage dégage une grande confiance en lui, mais elle intervient de manière passive et donc sans empiéter sur l'intégrité d’autrui. Il ne cherche ni validation, ni domination. Rares sont ceux qui n’apprécient pas sa compagnie, comme en témoignent les nombreux compagnons auxquels il s’est lié durant ses voyages et, évidemment, son équipage.
Bien sûr, il n’est pas totalement imperméable à l’adversité et, à ce titre, sa profession l’amène à croiser régulièrement des individus dont les idéaux diffèrent des siens. Kage n’apprécie ni la violence gratuite, ni la cruauté, mais il se sent parfaitement capable de prendre les mesures nécessaires contre ceux qui portent atteinte à la paix. Par conséquent, il ne se retiendra jamais de prendre la vie d’un individu dangereux. C’est pour cette raison qu’il a accepté d’intégrer le Groupe Seirin pour participer à la traque de l’Yggdrasil. Cependant, même si sa grande bonté le pousse à œuvrer pour le bien, il reste réaliste et sait que la criminalité ne pourra jamais être complètement étouffée. Sur le modèle de son maître, il aspire à tout mettre en œuvre dans les domaines où il excelle pour faire pencher la balance vers ce qu’il estime juste.
ne pourra jamais être complètement étouffée. Sur le modèle de son maître, il aspire à tout mettre en œuvre dans les domaines où il excelle pour faire pencher la balance vers ce qu’il estime juste.
Kage a démontré à plusieurs reprises qu’il était intelligent. Il a pour habitude de combiner sa grande imagination à sa perspicacité, afin de trouver une solution au problème qui lui fait face. Il a beaucoup de facilités à visualiser ce qui lui traverse l’esprit, ce qui accélère grandement ses réflexions. À la fois vif et créatif, son intellect est extrêmement utile à sa profession de Hunter et justifie son rang. Il l’a prouvé plusieurs fois, comme pendant la bataille du Gouffre Noir, où il a su utiliser la lenteur de sa propre technique et l’opacité de l’eau pour surprendre l’ennemi. En tant que Sea Hunter, il a un excellent sens de l’orientation et de l’observation. Hélas, les prédispositions qui sont les siennes et la manière dont il construit sa pensée en arrivent parfois à le frustrer. Effectivement, il n'apprécie pas l'éventualité de rester bloqué face à un obstacle et lorsque c’est le cas, il lui arrive d’être perturbé, voire de faire preuve d’entêtement. Ce trait de personnalité ne se remarque pas nécessairement en tant que tel d’un point de vue extérieur, mais Kage peut paraître plus pensif qu’à l’accoutumée quand il se trouve dans cet état. Par exemple, il est possible que ceux qui observent ce phénomène pensent qu’il est tracassé ou contrarié, mais ils se trompent souvent. Il n’y a que quand il a mis le doigt sur la piste qu’il lui manquait qu’il est capable de revenir complètement à l’instant présent. Pour ceux qui le connaissent mal, voir ses préoccupations s’envoler comme par magie est souvent perturbant.
La personnalité de Kage peut varier légèrement quand il décide d’utiliser son Hatsu. À travers l’apparition d’Ahito le nonchalant, il arrive à se persuader qu’il est parfaitement relâché. Ainsi, même si la créature n’est que symbolique, Kage accepte volontiers l’effet placebo qu’elle induit. Dans cet état, il semble tout de suite moins énergique, presque comme s’il était somnolent. Sa voix ralentit et paraît un peu plus grave. Il devient aussi moins réactif émotionnellement et donc plus difficile à perturber. Au fil du temps, il a appris à utiliser cette technique mentale pour rester parfaitement concentré pendant toute la durée de l’utilisation de son Hatsu. Le Kage plein de légèreté et de détachement donne alors l’impression d’être plus sérieux. Pour ses alliés comme pour ses adversaires, il peut s’agir d’un changement étonnant, mais on constate assez vite qu'il ne bouscule pas ce qui fait son identité.

HISTOIRE
Enfance
Il y a une trentaine d’années, Kage naquit dans la capitale du Jappon : Swaldani City. Bercé par l’abondance de la ville, il eut la chance de grandir dans une famille aisée. En effet, son père était enseignant dans une école d’art réputée et sa mère était Hunter. Elle travaillait plus spécifiquement à la charge du gouvernement, en endossant le poste de gardienne de prison. On considérait par habitude que c’était une profession dangereuse, mais c’était à relativiser. D’après la mère de Kage, le dispositif de sécurité était si bien rodé qu’elle n’avait jamais eu le besoin d’en venir aux mains. Ce qui était plus problématique, en revanche, c’était ses horaires, qui la privaient souvent de moments en famille. De plus, elle était soumise au secret professionnel, car évidemment, le fonctionnement du centre de détention devait rester inconnu de tous, afin de prévenir les tentatives d’évasions. Contrairement à la plupart des gens, elle n’était pas capable de raconter ses journées de travail à son entourage. Le père de famille était compréhensif et s’y était habitué, si bien qu’ensemble, ils parvenaient à mener une vie de couple stable. L’enfant, au contraire, avait bien du mal à se sentir connecté émotionnellement à une mère qu’il voyait peu et dont il arrivait à peine à s’imaginer la profession. Avec un égoïsme propre à son jeune âge, Kage en arrivait à croire que son absence était illégitime. Après tout, elle ne parvenait jamais à la justifier avec des faits.
Ce problème ne tarda pas à avoir un impact négatif sur le développement de Kage et donc sur son comportement. Chez lui comme en classe, il se révélait problématique par son incapacité à rester silencieux et calme. Très vite, on le diagnostiqua hyperactif. Le père de Kage en souffrit tout particulièrement, puisque l’on déplorait que le fils d’un professeur de renom ne sache pas se tenir. En d’autres termes, on remettait en question sa capacité à éduquer son enfant. Pour tenter de remédier au problème, ce dernier fut soumis à plusieurs types de suivis médicaux et psychologiques, en vain. Kage demeurait un garçon sympathique, mais il était particulièrement réticent à l’idée d’être aidé. Tout laissait croire que seule l’attention de sa mère pouvait l’apaiser, mais lui faire quitter son métier n’était pas envisageable. On abandonnait rarement les postes qui demandaient autant d’expérience et d’expertise, et pour cause, les remplaçants potentiels étaient peu nombreux. D’une certaine manière, on pouvait dire que la mère de Kage était elle-même une détenue de la prison.
À l’aube de ses neuf ans, les troubles de Kage ne faiblissaient pas. Ainsi, ses parents, las de l’embarras qu’il leur causait, décidèrent d’employer une solution radicale. D’un commun accord, ils décidèrent de l’envoyer jusqu’au Port de Dôllé, où un vieux couple de retraités était réputé pour prendre en charge des enfants difficiles. Ils espéraient alors les apaiser en les faisant travailler dans une petite ferme au nord de la ville. Pour les parents de Kage, il s’agissait de l’occasion rêvée. Ils pensaient qu’en exposant leur fils à des responsabilités professionnelles, il se montrerait plus compréhensif à l’égard de celles de sa mère. Là où cette solution posait problème, c’était dans l’éloignement supplémentaire qu’elle provoquerait, et cela, les parents de Kage semblaient l’ignorer. Peut-être en avaient-ils assez de supporter leur fils, ou peut-être pensaient-ils qu’il était nécessaire de le sevrer. Naturellement, le concerné ne fut pas enchanté par cette décision ; il n’avait aucune envie de quitter Swaldani City ainsi que sa famille. Durant les mois qui ont précédé son départ, il se révéla d’autant plus agité, ce qui encouragea le couple à se séparer de lui. Son séjour à l’étranger durerait une année, au terme de laquelle ses parents s’assureraient de l’évolution de son état afin de décider s’il était nécessaire de renouveler l’expérience ou non.
City ainsi que sa famille. Durant les mois qui ont précédé son départ, il se révéla d’autant plus agité, ce qui encouragea le couple à se séparer de lui. Son séjour à l’étranger durerait une année, au terme de laquelle ses parents s’assureraient de l’évolution de son état afin de décider s’il était nécessaire de renouveler l’expérience ou non.

Séjour au Port de Dôllé
Le jour J, Kage se prépara à embarquer sur un bateau qui partirait des côtes du Jappon pour arriver directement au Port de Dôllé, dans le Royaume de Kukanya. Valise en main, il regrettait amèrement la tournure des événements. Lorsque l’heure de la séparation arriva, il versa un torrent de larmes, tout comme son père et sa mère. Il tenta bien de leur faire changer d’avis durant leurs dernières embrassades, en affirmant qu’il avait compris la leçon et qu’il était prêt à changer, mais il ne parvint pas à les convaincre. Son sort était scellé. Dans un mélange de colère et de détresse, il n’eut d’autres choix que d’embarquer sur le navire pour aller vers un lieu dont il ne connaissait rien et c’est dans son profond chagrin qu’il découvrit la mer. Bien entendu, il avait déjà eu l’occasion de la voir et de s’y baigner, mais y naviguer était très différent. Pour la première fois, il prenait connaissance de son immensité symbolique et littérale. Il réalisait que ses tracas étaient insignifiantes face à l’océan et c’est cette pensée qui l’aida à se calmer. Ainsi, même s’il restait mélancolique, il s’apaisa en passant son voyage à observer le déroulement des flots sous la coque du bateau. Quand enfin le vaisseau arriva à destination, après quatre jours et quatre nuits, la quantité d’émotions qu’il avait ressentie le laissa éreinté. Il était partagé entre tristesse et ravissement, mais plus que tout, il avait besoin de repos. Au moment du débarquement, le couple de retraités, qui était venu l’accueillir, fit connaissance avec un Kage épuisé et silencieux. Ils s’empressèrent de le ramener chez eux afin qu’il puisse s’y installer.
En arrivant sur place, Kage fit face à la seconde surprise de son voyage : le milieu rural. Toute sa vie, il n’avait connu que Swaldani City et ses alentours, au Jappon, et voilà qu’il se retrouvait dans un milieu totalement différent, loin de chez lui et de ses proches. Le choc était grand et il allait mettre un certain temps à s’acclimater à la nouveauté. Il fit aussi la connaissance de ses semblables : trois garçons et deux filles, aussi envoyés par leurs parents depuis les quatre coins du monde. À son arrivée, certains se montrèrent timides et d’autres bien plus enthousiastes, mais dans l’ensemble, ils semblaient tous disposés à l’accepter parmi eux. Kage ne tarda pas à comprendre qu’ils partageaient un point en commun : aucun d’entre eux n’était un ou une délinquante. Au moins, il pouvait se rassurer en comprenant que cette ferme n’avait rien d’un établissement correctionnel aux méthodes barbares. Le vieux couple n’en donnait pas non plus l’impression, puisqu’ils étaient particulièrement doux et bienveillants. Chacun des enfants décrivait son expérience comme un séjour chez ses grands-parents. Plus encore, ils semblaient tous heureux. Pendant les premières semaines, cette atmosphère chaleureuse ne suffisait pas à mettre Kage à l’aise. Il était malheureux et ses parents lui manquaient terriblement, malgré cette trahison qu’il ne parvenait pas à avaler. Ses deux nouveaux tuteurs assistaient à ce phénomène systématiquement, alors ils lui laissèrent le temps nécessaire, mais l’enfant ne se complut pas dans son malheur pour autant. Encouragé par les autres enfants, il aida à la ferme comme il le pouvait. Habitué au confort et surtout inexpérimenté, il n’était pas le plus habile, mais ses efforts restaient admirables. Il allait à l’école en ville pendant la journée et rentrait aider sa nouvelle famille le soir venu. Pour un enfant de neuf ans, c’était un rythme soutenu et le fait d’être toujours occupé apaisa lentement son hyperactivité.
parents depuis les quatre coins du monde. À son arrivée, certains se montrèrent timides et d’autres bien plus enthousiastes, mais dans l’ensemble, ils semblaient tous disposés à l’accepter parmi eux. Kage ne tarda pas à comprendre qu’ils partageaient un point en commun : aucun d’entre eux n’était un ou une délinquante. Au moins, il pouvait se rassurer en comprenant que cette ferme n’avait rien d’un établissement correctionnel aux méthodes barbares. Le vieux couple n’en donnait pas non plus l’impression, puisqu’ils étaient particulièrement doux et bienveillants. Chacun des enfants décrivait son expérience comme un séjour chez ses grands-parents. Plus encore, ils semblaient tous heureux. Pendant les premières semaines, cette atmosphère chaleureuse ne suffisait pas à mettre Kage à l’aise. Il était malheureux et ses parents lui manquaient terriblement, malgré cette trahison qu’il ne parvenait pas à avaler. Ses deux nouveaux tuteurs assistaient à ce phénomène systématiquement, alors ils lui laissèrent le temps nécessaire, mais l’enfant ne se complut pas dans son malheur pour autant. Encouragé par les autres enfants, il aida à la ferme comme il le pouvait. Habitué au confort et surtout inexpérimenté, il n’était pas le plus habile, mais ses efforts restaient admirables. Il allait à l’école en ville pendant la journée et rentrait aider sa nouvelle famille le soir venu. Pour un enfant de neuf ans, c’était un rythme soutenu et le fait d’être toujours occupé apaisa lentement son hyperactivité.
nouveaux tuteurs assistaient à ce phénomène systématiquement, alors ils lui laissèrent le temps nécessaire, mais l’enfant ne se complut pas dans son malheur pour autant. Encouragé par les autres, il aida à la ferme comme il le pouvait. Habitué au confort et surtout inexpérimenté, il n’était pas le plus habile, mais ses efforts restaient admirables. Il allait à l’école en ville pendant la journée et rentrait aider sa nouvelle famille le soir venu. Pour un enfant de neuf ans, c’était un rythme soutenu et le fait d’être toujours occupé apaisa lentement son hyperactivité.
Au terme d’un mois au Port de Dôllé, Kage se lia d’amitié à Milo Veriti, un garçon de son école. Les deux enfants étaient très différents : Milo était discret et réservé, tandis que Kage était énergique et assuré. Malgré tout, ils parvinrent à s’entendre à merveille. On aurait dit que le premier calmait le second et que, à l’inverse, le second poussait le premier à quitter sa zone de confort. Ils étaient parvenus à trouver un équilibre avec une spontanéité étonnante. C'est cette amitié naissante qui permit à Kage de lutter contre le dépaysement. Assez vite, Milo lui proposa de découvrir son monde : celui de la mer. Ce que Kage ignorait jusque-là, c’était que le père de son ami était marin. Cette nouvelle ne manqua pas de le ravir, lui qui avait été émerveillé par la navigation lors de son premier et dernier voyage. Bien sûr, deux jeunes enfants comme eux n’avaient pas le droit d’embarquer sur un navire et de prendre la mer en laissant leur scolarité derrière eux, mais ils avaient quand même l’autorisation de s’y croire. Le père de Milo demandait généralement aux deux comparses de participer à l’entretien de son navire. Ainsi, entre deux passages de serpillère, ils s’imaginaient fendre l’océan à la recherche de ses secrets. Le temps passant, plus Kage était en contact avec Milo et plus son amour pour le milieu marin grandissait. Il ne mit pas bien longtemps à affirmer qu’il souhaitait devenir le capitaine de son propre navire, une fois adulte. À l’inverse, il délaissait de plus en plus ses obligations à la ferme. En effet, il n’avait plus le temps de participer aux tâches quotidiennes que lui imposaient ses hôtes maintenant qu’il aidait au port. Fort heureusement, une unique discussion mit fin au problème. Quand le couple de retraités interrogea Kage au sujet de ses absences répétées, il leur avoua tout sur son amitié naissante et sur la découverte de son nouveau centre d’intérêt. Là, ils prouvèrent une fois de plus leur grande bonté en l’invitant à se consacrer pleinement à sa nouvelle activité. Ils n’avaient pas tant besoin des enfants à la ferme et s’ils leur confiaient des tâches, c’était surtout pour les canaliser. Par conséquent, si Kage venait de trouver une occupation qui lui plaisait davantage, ils n’avaient aucune raison de s’y opposer. C’est à partir de cet instant que l’enfant commença à s’épanouir dans sa nouvelle vie.
Les mois s’écoulèrent tranquillement au Port de Dôllé. Kage était tout bonnement ravi de la tournure des choses et il s’était désormais parfaitement intégré, que ce soit chez le vieux couple, à l’école ou au port. Évidemment, il ne pouvait s’empêcher de garder ses parents dans un coin de sa tête. Ils lui manquaient et il espérait que ce soit réciproque. Au fil du temps, même la rancune qu’il ressentait à leur égard avait disparu. Il avait hâte de rentrer les voir après cette année de l’autre côté de l’océan et de leur raconter tout ce qu’il avait appris à aimer. Quant à son hyperactivité, elle se faisait parfois ressentir mais était loin d’être aussi étouffante qu’autrefois. La plupart du temps, il convertissait cette immense quantité d’énergie en productivité. Il n’était pas tout à fait sûr de ce qui allait lui arriver quand il rentrerait au Jappon. En effet, il était du ressort de ses parents de décider s’il pouvait rester à leurs côtés ou s’ils devaient se séparer une fois de plus. De son côté, il ne savait pas non plus ce qu’il voulait. Il avait hâte de revoir ses proches, mais il n’avait pas non plus envie de quitter sa nouvelle famille. À la ferme, tous les enfants étaient déjà partis retrouver leurs parents après une merveilleuse année. Quant au tour de Kage, qui les avait rejoint en dernier, il approchait. Le jour de ses dix ans, le père de Milo emmena les deux garçons à la pêche. En interrogeant l’ami de son fils sur ses projets de vie, ce dernier affirma qu’il souhaitait l’imiter en devenant marin. C’est à ce moment que le père de famille lui suggéra l’éventualité de devenir Hunter. Selon lui, il s’agissait du meilleur moyen d’accomplir ses rêves. Il expliqua avoir espéré être Sea Hunter lui-même pour explorer et protéger les océans, sans succès. L’adversité avait toujours effrayé son fils, Milo, alors avait décidé de donner l’idée à son complice plus audacieux. À cause des absences de sa mère, Kage tenait le métier de Hunter en piètre estime, mais les mots prononcés par le marin l’encouragèrent à revoir son opinion. Peut-être que la raison de la captivité de la mère pouvait être la clé de la liberté du fils.

Examen Hunter
Le lendemain, des aurevoirs émouvants eurent lieu aux quais du Port de Dôllé. Là où il avait regretté son arrivée un an plus tôt, il regrettait désormais son départ. Le vieux couple avait conduit Kage sur place, avant qu’ils ne soient rejoints par Milo et son père. Ensemble, ils partagèrent un dernier moment chaleureux avant que l’enfant n’embarque sur un bateau, laissant à ses proches la promesse de son retour. Sur le trajet, il fut en mesure d’apprécier toute la splendeur de l’eau, lui qui ne ressentait plus l’amertume d’avoir été chassé de son foyer. Ce n’était que la deuxième fois qu’il profitait d’un voyage par la mer et il s’en trouvait particulièrement excité. Toute l’envie qu’il avait cultivée pendant un an dans cette ville portuaire du Royaume de Kukanya était décuplée maintenant qu’il bravait l’océan à nouveau. Si monsieur Veriti disait vrai, alors le métier de Hunter devait pouvoir satisfaire son amour du large et sa curiosité. Il y pensa le jour et y songea la nuit jusqu’à ce que le rivage soit visible à l’horizon. Avant même qu’il ne le comprenne, il était déjà complètement séduit par l’idée de devenir Sea Hunter. Pendant que le vent marin s’engouffrait dans ses joues et étirait son sourire déjà large, il pensait à son projet : interroger sa mère et prendre part à cet examen Hunter qu'il avait méprisé si longtemps.
Quand Kage mit le pied sur les côtes du Jappon, ses parents l’accueillirent dignement en exprimant plus de joie que jamais. Dans un premier temps, il fut surpris, lui qui n’avait gardé que le souvenir de leur refus alors qu’il leur suppliait de ne être envoyé à l’étranger. Néanmoins, il accepta et partagea spontanément leur bonheur. Ils ne manquèrent pas de répéter à Kage à quel point ils étaient ravis de son retour et comment ils avaient regretté son départ. La séparation avait été désastreuse, mais les retrouvailles renouèrent la petite famille comme si elle n’avait jamais été divisée. Sur le chemin menant à Swaldani City, l’enfant ne manqua pas de raconter sa vie au Port de Dôllé à son père et à sa mère. Il mentionna la gentillesse de ses autres, la bienveillance des autres enfants, puis il en arriva à sa rencontre avec Milo et à l’amour de la navigation qu’il s’était découvert. Là, il expliqua ce que le père de son ami lui avait suggéré : devenir Hunter afin de poursuivre ses rêves. Bien intéressés par le voyage de leur fils, les parents de Kage rirent d’abord d’amusement. Ils semblaient persuadés que leur enfant avait décliné férocement ce conseil, mais celui-ci leur donna tort. Quand il leur annonça qu’il avait effectivement l’intention de poursuivre ce but, ils furent stupéfaits, mais bien vite, la surprise laissa place à la fierté. La mère de Kage, en particulier, était ravie de voir son fils suivre ses traces d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs, elle constatait aussi qu’il avait beaucoup changé en l’espace d’un an. Non seulement il était plus calme, comme ils l’avaient espéré, mais il s’était aussi trouvé un objectif, et le sien était très ambitieux. La semaine suivante, Kage et ses parents prirent le temps de se retrouver, mais tous gardaient en tête l’examen Hunter à venir.
Sous les conseils de sa mère, le petit se mit en tête d’affuter sa condition physique et mentale afin de se préparer à la série d’épreuves qu’il allait devoir affronter. On disait qu’elles pouvaient être terriblement difficiles et dangereuses, surtout pour un enfant, mais Kage ne se laissa pas décourager. Après tout, si sa mère avait réussi dans sa jeunesse, il le pouvait aussi. De plus, il souhaitait réussir là où le père de Milo avait échoué. C’est donc aussi dans l’espoir de le rendre fier qu’il s’exerça à un rythme régulier pendant trois longs mois. Son entraînement se résumait à faire avec plus d’intensité ce que faisaient déjà les enfants de son âge : courir, jouer, lire et même dessiner. Il n’avait jamais été un enfant très sportif, alors il n’était pas capable de prouesses physiques extraordinaires, mais il était fougueux et sa détermination avait tendance à compenser ses lacunes. De plus, il avait expérimenté le travail manuel lors de son séjour au Port de Dôllé, alors il ne partait pas tout à fait de rien. Sur le plan intellectuel, en revanche, il était naturellement avantagé. C’était un enfant malin. À la fin de son trimestre de préparation, Kage était plus déterminé que jamais à l’idée de prendre part à l’examen. Il avait d’ailleurs tout intérêt à l’être, puisque ce dernier allait débuter dans les deux semaines suivantes. Il profita du temps qu’il lui restait pour partager des moments en famille et gonfler encore plus sa motivation. Quand l’heure de son départ arriva, il était persuadé de pouvoir revenir à Swaldani City en tant que Hunter. Cette nouvelle séparation laissa les parents du petit très émus, mais aussi très fiers. Alors qu’ils l’avaient envoyé loin d’eux pour apaiser ses troubles, il était revenu plus mature que jamais, et voilà qu’il décidait lui-même de les laisser pour poursuivre son rêve. En l’espace d’un an et trois mois, Kage avait beaucoup grandi. Il était bien loin de celui qui faisait tout pour attirer l’attention de sa mère.
Par chance, le lieu de l’examen Hunter annuel se trouvait sur sa terre natale : le Jappon. À défaut d’avoir le plaisir de voyager à nouveau en bateau, il avait au moins eu celui de profiter de sa famille jusqu’au bout. Du haut de ses dix ans, il voyagea jusqu’à un petit village reculé de l’île, d’abord en se faisant transporter en automobile, puis en poursuivant à pied. Dans la petite bourgade, il fut accueilli par un couple de vieillards, qui ne manquèrent pas de lui rappeler ceux qui avaient pris soin de lui au Port de Dôllé. Ils semblaient tout aussi bienveillants, mais ils étaient tourmentés par un problème de taille : tous les autres habitants du village avaient disparu. Alors, ils s’empressèrent de réclamer l’aide du petit, qui leur semblait être un brave garçon
réclamer l’aide du petit, qui leur semblait être un brave garçon pour son âge. Kage avait peur de manquer de temps et de rater le lancement de l’examen, mais il ne pouvait définitivement pas se résoudre à laisser les deux autochtones dans la détresse, alors il accepta de leur venir en aide. Sous leurs conseils, il alla vers le nord pour trouver un vieux temple à l’abandon. Apparemment, on aimait dire dans la région qu’une douce odeur y attirait les imprudents et les condamnait à disparaître. Bien sûr, cette légende ne rassura pas Kage, mais il brava le danger malgré tout. D’une part, il comprenait qu’il était pour l’heure le seul espoir du couple octogénaire et d’autre part, il voulait se prouver qu’il était définitivement capable de réussir l’examen Hunter. Cependant, il devait faire vite. En atteignant le temple, il constata effectivement qu’une odeur de nourriture absolument divine s’en dégageait. Irrésistiblement attiré, mais prudent, il tourna autour de la pagode pour tenter d’en percer le mystère, sans succès. Sa seule alternative était d’y entrer, mais il craignait de ne jamais en sortir, alors il mit en place un plan. Près de l’entrée se dressait une vieille adamante, un arbre qui laissait pendre des lianes solides comme des câbles de métal. Il chercha la plus grande et l’enroula fermement autour de sa taille avant de s’aventurer précautionneusement dans le temple. De cette manière, il espérait pouvoir regagner l’extérieur en toute circonstance. Il avança un mètre, puis deux, puis trois, de plus en plus envoûté par le fumet qui venait d’un peu plus loin. Là, il fit le pas de trop et il sentit le plancher s’affaisser sous ses pieds, l'entraînant dans une chute soudaine. En atterrissant au fond du gouffre, Kage fut surpris de voir la totalité des disparus en train de converser joyeusement autour d’un feu, où grillait un morceau de viande rouge. Réciproquement, ils s’étonnèrent aussi de voir qu’un enfant était venu à leur secours. Tout en reprenant ses esprits, il leur expliqua comment il avait été conduit jusqu’au temple et mentionna notamment sa volonté de participer à l’examen Hunter. Aussitôt, les visages de ses interlocuteurs s’illuminèrent, comme s’ils venaient seulement de saisir toute l’ampleur de l’histoire. Plus encore, ils furent ravis de constater qu’une liane était nouée autour du bassin de Kage et qu’elle pouvait leur permettre à tous de remonter. Sans attendre, ils s’exécutèrent. C’est une fois à la surface qu’il remirent une récompense au garçon. Une petite tête aux longs cheveux blonds se fraya un chemin parmi les adultes pour lui offrir une étrange boussole, puis ils s’éclipsèrent vers le village, non sans laisser à leur héros des encouragements pour les épreuves à venir. Au départ, l’objet laissa l’enfant perplexe. L’aiguille pointait bien une direction, mais ce n’était pas le nord. Kage pensa d’abord qu’elle était cassée, avant de se remémorer tout ce qu’il venait de vivre. Il se demanda alors ce qui avait pu attirer tous ces gens dans le temple et donner lieu à cette légende, s’ils étaient ceux qui étaient à l’origine de la délicieuse odeur. C’est alors qu’il comprit. Ces gens, et notamment le vieux couple, n’étaient pas des villageois ordinaires, mais des examinateurs chargés de faire passer une épreuve préliminaire à l’examen Hunter. Sa mère l’avait averti : le nombre d’inscrits était tel qu’il était indispensable de mettre en place une présélection. Tout laissait croire qu’il venait de la passer avec brio. Sous cet angle, peut-être que la boussole n’était pas défectueuse.
Pour s’en assurer, il décida de se laisser guider par la direction qu’elle pointait : le sud-est. Il n’avait pas de meilleure piste, alors il marcha longuement en espérant atteindre son but. C’est en atteignant une immense clairière qu'il comprit qu’il était au bon endroit. Dans cette forêt généralement vide se tenaient plusieurs centaines de personnes. Il n’y avait plus de doute possible : c’était le lieu du départ de l’examen. Parmi tous les participants, il comptait certainement parmi les plus jeunes et les plus chétifs. Il y avait des individus de toute sorte, dont certains très avenants et d’autres extrêmement intimidants. Dans un premier temps, Kage sentit la peur l’envahir, mais il s’empressa de retrouver un semblant de calme en se remémorant ce que sa réussite impliquait. De plus, il s’était entraîné et était loin d’être né de la dernière pluie, comme il l’avait prouvé en arrivant jusqu’ici. Il n’était certainement pas le plus compétent des participants, mais il avait ses chances. Seul un candidat de plus rejoignit le lieu de l’examen après Kage, poussant l’examinateur à commencer la première épreuve. Ce que tous ignoraient encore, c’était que cet examen en particulier allait compter parmi les plus rapides de l’histoire. Avec quatre épreuves étendues sur une semaine seulement, les participants allaient devoir se montrer endurants. Kage partait avec un désavantage, mais contre toute attente, il parvint à se frayer un chemin au bout des trois premières épreuves. Si sa carrure d’enfant semblait être un désavantage, elle lui était en fait profitable. Il se faufilait presque sournoisement vers la qualification en contournant l’adversité. Souvent, il finissait sur le fil du rasoir, mais il s’efforçait de rester dans la course. C’est lors de la quatrième et dernière épreuve que sa chance lui fit défaut. Positionnés autour d’un immense lac, on demanda aux compétiteurs restants d’y plonger pour aller déterrer quatre sculptures de bois. Les quatre gagnants seraient promus Hunter, tandis que les autres se verraient disqualifiés. Kage comprit qu’il s’agissait d’une épreuve idéale pour un Sea Hunter en devenir, mais la terrible vérité était la suivante : il n’y était pas préparé. Son habileté à nager était médiocre et il était impensable qu’il puisse rester en apnée suffisamment longtemps pour trouver et déterrer quoi que ce soit. Pour autant, il n’avait aucune intention de déclarer forfait. Les circonstances étaient contre lui, mais il espérait encore pouvoir improviser une solution comme il l’avait fait jusque-là. Avec son cœur tambourinant sa poitrine, il se jeta littéralement à l’eau. Au départ, il se révéla trop effrayé pour être efficace : il plongeait, remontait immédiatement prendre de l’air puis plongeait à nouveau. Ce n’est que quand les deux premières sculptures furent trouvées qu’il décida de se donner à fond. Si deux candidats avaient trouvé si vite, alors il devait y avoir un secret, une manière de savoir où creuser. Hélas, sa crainte ne laissa pas place à la lucidité, mais à l’imprudence. Proche du fond du lac, le danger l’attaqua par surprise. Une silhouette serpentine noua fermement ses jambes, puis sa taille et ses bras. Plongé dans la terreur, il ferma brusquement les yeux dans l’espoir de ne pas voir la mort elle-même, mais tout laissait croire qu’il était condamné. Il coula comme un sac de pierres, non sans tenter de se débattre de toutes ses forces, jusqu’à ce qu’éventuellement, elles l’abandonnent. Alors, il ouvrit la bouche par réflexe, à la recherche d’oxygène. À la place, c’est de l’eau qui s’engouffra dans ses poumons. Dans ce qui semblait être ses derniers instants, il se remémora tout ce qui comptait pour lui : sa famille, ceux qu’il avait rencontrés au Port de Dôllé et son rêve. Enfin, ce fut le noir complet, jusqu’à ce que la chance décide de lui sourire une fois de plus. Quand il vit le jour à nouveau, il se surprit à cracher l’eau de ses poumons. Au-dessus de lui, un autre participant s’activait à le ramener à la vie et il finit par y parvenir. Il toussa puissamment et remarqua le sourire bienveillant de son sauveur, mais il ignorait encore toute l’étendue de sa bonté. Kage reprit ses esprits progressivement, avant de demander ce qui était arrivé. L’explication de l’homme le laissa bouche bée. Non seulement il l’avait secouru, mais il lui avait aussi trouvé l’une des quatre sculptures enterrées au fond du lac. D’un coup d’œil, Kage remarqua que l’une d’entre elles était effectivement posée à côté de lui, avec une boussole de l’épreuve préliminaire. C’est exactement à cet instant que quelqu’un d’autre surgit à la surface du lac avec, lui aussi, l’un des bibelots en main. Les quatre venaient d’être trouvés et l’épreuve touchait à sa fin. Quelque chose n’allait pas. S’il avait vu deux personnes en trouver avant de se décider à plonger, qu’il en possédait une et que cette personne venait de trouver la dernière, alors son sauveur n’en avait pas. C’est en voyant le regard confus de Kage que Jericho, de son prénom, continua son explication : la clé de cette dernière épreuve était la fameuse boussole obtenue avant le début de l’examen. Sous l’eau, quand le garçon avait été attaqué par un serpent de mer, la sienne était tombée de sa poche pour se retrouver au fond du lac, où son aiguille s’était mise à tournoyer. Depuis le départ, elle ne pointait pas tout à fait vers le lieu de la première épreuve, mais vers l’emplacement des sculptures de la dernière. En sauvant Kage, Jericho l’avait compris et avait récupéré la troisième statuette. Enfin, s’il l’avait laissée à l’enfant, c’était parce qu’il n’avait pas été capable d’obtenir une boussole. Pour parvenir jusqu’au lieu de l’examen, il s’était contenté de suivre Kage. En fait, il était même la seule personne à être arrivée après lui. De toute évidence, il ne pouvait pas se résoudre à profiter de lui deux fois, alors en plus de l’avoir arraché à une mort certaine, il lui offrait sa qualification. C’était fait, Kage venait de devenir Hunter. Quand l’ensemble des examinateurs lui remirent la carte emblématique de la profession, il fondit en larmes, partagé entre le choc d’avoir failli y laisser la vie, la joie et la reconnaissance.

Apprentissage du Nen
Kage ne le réalisait pas encore, mais il comptait très certainement parmi les plus jeunes Hunters du monde. Plus encore, il avait réussi l’examen à son premier essai, ce qui se révélait d’autant plus rare. Après son succès, il se reposa deux jours au village où on lui avait confié l’épreuve préliminaire. Avec lui se trouvaient l’une des participantes, récemment diplômée elle aussi, et Jericho. Kage n’avait cessé de remercier l’homme depuis les événements du lac, ce qui confortait ce dernier dans la décision qu’il avait prise. Il ne pouvait pas regretter d’avoir sauvé un enfant au cœur aussi pur et d’avoir réalisé son rêve. Lorsque tout le monde fut suffisamment reposé, le trio quitta le village et finit par se séparer, avec l’espoir de se croiser à nouveau. En regagnant la ville de Swaldani, Kage n’avait qu’une hâte : voir la réaction de ses parents quand il agiterait sa carte de Hunter devant eux. Le couple marqua d’abord les retrouvailles par des larmes de joie. Les circonstances étaient si improbables qu’il n’y croyaient pas. Non seulement leur fils était revenu en un seul morceau deux semaines seulement après son départ, mais en plus il était désormais officiellement un Hunter. Si le père était surtout ravi de revoir son fils, la mère débordait de fierté. Elle avait réussi l’examen elle aussi, alors elle savait tout particulièrement à quel point il pouvait être difficile. Elle se disait que si son fils avait réussi à un si jeune âge, c’était qu’il devait être un prodige. En vérité, il était surtout prodigieusement chanceux. Malgré tout, quand Kage raconta chaque détail de son aventure, sa mère ne montra aucune déception, puisque même s’il y était parvenu de justesse, il avait fait la démonstration d’une détermination remarquable. Cependant, l’ombre d’une phobie se profilait dans l’esprit du petit.
Quand ses parents l’interrogèrent sur la suite de ses projets et sur la manière dont il voulait devenir Sea Hunter, un silence pesant s’installa dans le foyer. La raison de ce manque d’enthousiasme était évidente : Kage avait failli mourir noyé, alors qu’il était attaqué par une créature aquatique. Après cette expérience cauchemardesque, il n’était plus sûr de vouloir devenir Sea Hunter. Bien entendu, il était toujours attiré par la beauté de la mer et la liberté
liberté de parcourir l’océan, mais les profondeurs avaient désormais ce pouvoir de lui glacer le sang. Or, un Sea Hunter qui craignait de s’aventurer sous la surface de l’eau n’en était pas un. Cette peur agita ses nuits plusieurs jours durant, jusqu’à ce que sa mère surgisse avec la meilleure idée qui soit. Elle commença par expliquer à Kage que l’examen Hunter s’étendait au-delà de la dernière épreuve et qu’il lui restait une dernière étape à traverser avant de pouvoir endosser pleinement ce rôle. Effectivement, elle parlait du Nen. Face à cette révélation pour le moins originale, Kage se montra confus. Même un enfant comme lui avait du mal à croire qu’il puisse exister une énergie spirituelle capable de conférer de puissants pouvoirs. Au fil des explications de sa mère, cependant, il finit par se laisser séduire et ils échangèrent longuement sur le sujet. Ici, le principal enjeu était de trouver un maître pour l’enfant. La gardienne pensait effectivement que la puissance l’aiderait à vaincre ses peurs. Kage, lui, avait bien une idée : sa propre mère lui enseignerait le Nen. Malheureusement, ce n’était pas possible. Non seulement son poste à la prison de Swaldani City ne lui offrait pas suffisamment de temps, mais en plus son propre Nen était aussi soumis au secret professionnel. Elle ne pouvait pas prendre le risque de le montrer, que ce soit à son propre fils ou à son mari. En revanche, il restait une solution : l’école Shingen-ryu. Pour la plupart des civils, il s’agissait d’une simple école d’arts martiaux, mais les Hunters savaient qu’on y enseignait aussi l’utilisation du Nen. Le principal avantage était que cette école se trouvait dans sa ville natale, Swaldani. Tout de suite, le petit bondit sur cette opportunité. Il n’était pas sûr que cet entraînement lui permette de recouvrer le courage nécessaire pour braver les profondeurs, mais il souhaitait au moins devenir un Hunter digne de ce nom. Avec le soutien de ses parents, il abandonna le cursus scolaire conventionnel pour s’inscrire à Shingen-ryu.
effectivement que la puissance l’aiderait à vaincre ses peurs. Kage, lui, avait bien une idée : sa propre mère lui enseignerait le Nen. Malheureusement, ce n’était pas possible. Non seulement son poste à la prison de Swaldani City ne lui offrait pas suffisamment de temps, mais en plus son propre Nen était aussi soumis au secret professionnel. Elle ne pouvait pas prendre le risque de le montrer, que ce soit à son propre fils ou à son mari. En revanche, il restait une solution : l’école Shingen-ryu. Pour la plupart des civils, il s’agissait d’une simple école d’arts martiaux, mais les Hunters savaient qu’on y enseignait aussi l’utilisation du Nen. Le principal avantage était que cette école se trouvait dans sa ville natale, Swaldani. Tout de suite, le petit bondit sur cette opportunité. Il n’était pas sûr que cet entraînement lui permette de recouvrer le courage nécessaire pour braver les profondeurs, mais il souhaitait au moins devenir un Hunter digne de ce nom. Avec le soutien de ses parents, il abandonna le cursus scolaire conventionnel pour s’inscrire à Shingen-ryu.
Le jour J, l’ensemble du personnel de l’école fut surpris de constater qu’un si jeune garçon était déjà Hunter. Ils avaient déjà eu à faire à des enfants précoces, mais en découvrir un autre restait surprenant. À cause du statut de Hunter de la mère et de l’enfant, il était bien difficile pour l’école de leur refuser l’enseignement qu’ils exigeaient. Ainsi, après le paiement d’une avance, Kage eut l’occasion de passer un test. En effet, on souhaitait s’assurer de sa condition physique avant de l’initier au Nen. Le verdict fut sans appel : il n’était pas suffisamment performant pour prétendre à cet enseignement. Pour un enfant de dix ans, il était en parfaite condition physique, mais pour entamer l’apprentissage du Nen, ce n’était pas suffisant. On proposa alors à Kage de suivre un programme d'arts martiaux pendant deux ans, afin d’affiner sa condition mentale et physique. S’il était prêt au terme de cette période, alors il basculerait sur un programme dédié au Nen. Le petit n’eut pas d'autre choix que d’accepter. À son âge, deux années pouvaient sembler longues, mais il comprenait qu’il s’agissait de sa seule alternative. Il préférait suivre le protocole plutôt que sauter des étapes en se rabattant sur un maître inexpérimenté et éventuellement finir dans un état grave. La décision prise, une simple signature confirma son inscription. Il était officiellement un élève de Shingen-ryu.
Pendant deux ans, il s’appliqua à suivre rigoureusement son entraînement. Au départ, il se sentait dépassé, comme si son corps heurtait un mur qu’il n’arrivait pas à franchir, mais il s’efforça de continuer. Progressivement, il devint très ami avec un certain professeur de l’école : Deucalion. Il ne tarda pas à apprendre qu’il s’agissait d’un Lost Hunter célèbre. Avec l’aide de cet homme, il parvint à se créer une place parmi les élèves prometteurs de l’école. Il était bien loin d’être le meilleur, mais rares étaient ceux qui ne le respectaient pas. Pendant son apprentissage, il utilisa deux de ses périodes de repos pour aller rendre visite à ses amis du Port de Dôllé. Selon ses parents et Deucalion, il s’agissait d’un bon moyen de renouer avec son amour de l’océan tout en se libérant l’esprit. À ces occasions, Milo et son père furent ravis de voir que Kage n’avait pas perdu de temps et qu’il avait sa carte de Hunter en poche. Accessoirement, ils tentèrent d’apaiser sa peur des profondeurs et de la faune marine en l’invitant à nager de plus en plus loin dans la crique de Dôllé, sous leur surveillance. Se sachant plus fort qu’autrefois, Kage gagnait en confiance, mais il n’était toujours pas capable d'embrasser ses craintes et de les surmonter. C’est à l’âge de douze ans et demi que son premier programme d’entraînement prit fin. Là, il eut l’occasion de prendre part à un deuxième test, dont les résultats furent concluants. Sans surprise, on le jugeait maintenant capable d’apprendre les principes du Nen. Il fallait l’admettre : sa condition physique n’avait plus rien à voir avec celle d’autrefois. Ravi d’avoir accompli son objectif, il eut l’occasion de choisir un professeur parmi ceux de Shingen-ryu. Naturellement, il se tourna vers Deucalion. C’était un maître extrêmement sollicité par les apprentis Hunter désireux d’apprendre à utiliser le Nen et il y avait peu de places disponibles, mais l’affection que l’homme ressentait pour le garçon le poussa à le prendre sous son aile. Alors, son véritable entraînement commença.
Tout comme pour les arts martiaux, il s’exercerait pendant deux années. Il était évident que s’il était investi, apprendre les quatre grands principes du Nen ne prendrait pas si longtemps, mais en avoir une utilisation efficace était autrement plus complexe. Alors que Kage ne semblait pas avoir de prédispositions physiques à l’origine, il révéla toute l’étendue de son talent à travers la maîtrise de son aura. En effet, deux mois lui suffirent à développer d’excellentes bases dans l’utilisation du Ten et du Ren. En comparaison, son Zetsu manquait encore de fiabilité. Deucalion aimait dire qu’il avait du mal à le maintenir parce qu’il était trop énergique, ce qui l’amusait. Il consacra donc le troisième mois à compenser ses lacunes, tout en entretenant ses acquis. Ce n’est que lorsque le Zetsu ne fut plus un problème pour Kage que Deucalion décida de l’initier à l’aspect le plus complexe du Nen : le Hatsu. Le test de la divination de l’eau révéla que l’enfant était du Renforcement, ce qui était loin d’être une surprise. À partir de là, son maître le libéra d’une bonne partie de ses obligations afin de laisser sa créativité s’exprimer. Bien sûr, il continuait de le conseiller et de superviser ses entraînements, mais il ne lui donnait aucun exercice relatif au Hatsu. Tout laissait croire qu’il ne souhaitait pas l’induire en erreur en lui donnant une méthode trop personnelle. Après tout, il n’y avait pas de recette miracle pour le Hatsu. Alors pendant trois mois, Kage tenta de trouver une manière de manifester son aura. Il méditait, jour après jour, installé sur un muret de la cour de Shingen-ryu, mais il ne parvenait pas à arriver à un résultat. À ce stade, l’éventualité d’un blocage psychologique était plus que plausible. Au terme de plusieurs discussions avec Deucalion, Kage en arriva à la conclusion que son expérience lors de l’examen Hunter continuait à avoir un impact négatif sur lui. Il y repensait assez régulièrement. Ce qui l’effrayait le plus n’était pas la noyade, mais bien cette créature l’ayant provoquée. Avec beaucoup de bienveillance, son maître lui suggéra de procéder étape par étape, en commençant par accepter sa peur plutôt que tenter de la chasser immédiatement. C’est dans la même semaine, lors d’une énième séance de méditation, que Kage appliqua ce conseil. Il se remémora l’événement traumatique encore et encore. Il tenta de ressentir à nouveau l’étreinte de la bête et lui donna une apparence, lui qui avait refusé de la voir sur l’instant. Il l’imaginait longue comme un serpent, rouge, avec des yeux brillants, une grande bouche et une gestuelle sauvagement insouciante. Ce schéma se répéta jusqu’à ce qu’il s’immerge dans un état de flottement. Ce qu’il interpréta d’abord comme de la fatigue alourdit ses paupières et calma sa respiration. Il supposa immédiatement que c’était l’objectif des paroles de Deucalion, puisqu’en même temps que l’agitation liée à ce souvenir douloureux, sa peur s’était progressivement transformée en apaisement. Il ignorait encore de quoi il était réellement question, mais il savait que c’était ce dont il avait besoin. En trois mois de méditation quotidienne, il n’avait jamais rien ressenti de tel. Il adapta alors son objectif : parvenir à entrer dans ce stade à tout instant, et ce, même en dehors d’un état méditatif. Pour y parvenir, il n’y avait pas de secret, il fallait recommencer autant de fois que nécessaire. Son professeur le laissa avancer à son rythme, jusqu’à ce qu’un élément surprenant se révèle à lui grâce à l’utilisation du Gyô. À chaque fois que Kage entrait dans cet état second, une étrange créature apparaissait sur lui, s’enroulant autour de son corps avant de déposer sa tête sur la sienne. Les deux ne tardèrent pas à comprendre qu’il s’agissait de l’animal marin tel que l’avait imaginé Kage. Inconsciemment, il avait modelé son aura autour de lui pour reconstituer à la fois sa plus grande peur et la raison même de son entraînement. C’était la naissance d’Ahito, le nonchalant.
D’une manière ou d’une autre, il avait manifesté son Hatsu, mais il devait encore en déterminer les propriétés. Peu importe ce qu’il faisait, le serpent se contentait de se tenir sur sa tête. Après d'innombrables essais, Kage finit par supposer que sa technique était incomplète et qu’il devait apprendre à se connaître pour la perfectionner. Cette idée le poussa à s’atteler à divers entraînements en revenant même aux fondamentaux des arts martiaux et du maniement d’armes blanches. De cette manière, il espérait mettre le doigt sur le moindre indice tout en continuant à progresser. Deucalion fut du même avis et entreprit d’apprendre à son élève à utiliser les techniques avancées du Nen. Grâce à sa maîtrise naturelle de l’aura et à l’entraînement qu’il avait déjà subi, ce dernier parvint à les comprendre et à les mettre en œuvre en moins d’un mois. Déjà ravi d’étendre son champ de compétences, il ne se rendit pas immédiatement compte de tous les bienfaits de cet apprentissage. C’est son professeur qui pointa du doigt un curieux phénomène lors d’un combat amical contre un autre élève de Shingen-ryu : quand Kage se battait en utilisant le Ryû, ses coups étaient bien moins précis et efficaces qu’à l’accoutumée. Tout donnait l’impression que son aura était d’une puissance telle qu’il n’arrivait pas à l’utiliser efficacement. La solution pour y remédier était la suivante : répéter les gestes plus lentement, afin de travailler leur exécution sous l’utilisation du Ryû. Idéalement, Kage aurait dû augmenter la cadence progressivement, pour allier vitesse et puissance, mais le destin en décida autrement. D’abord sans comprendre pourquoi, il était en mesure de déployer une force effrayante à chaque fois qu’il s’adonnait à cet exercice. D’un geste lent de la paume contre un tas de briques, il avait même dévasté la cour où il s’entraînait avec son maître. Si l’école n’était pas protégée par plusieurs techniques de Nen puissantes, elle se serait certainement écroulée. C’était la première fois qu’il parvenait à utiliser si clairement les propriétés du Renforcement. C’est avec l’objectif de comprendre tous les aspects de sa technique que Kage s’essaya à plusieurs expérimentations. Finalement, son principe se révélait plutôt simple : plus il bougeait avec lenteur et plus sa force était grande. Face à ce spectacle, Deucalion ne tarda pas à faire le lien avec cette créature qui apaisait le garçon et qu’ils avaient nommé Ahito. Tout ce qu’elle suggérait, c’était qu’il devait se montrer calme pour déployer sa force. Cette propriété faisait écho à bien des aspects de la vie de Kage : son hyperactivité et son affinité avec l’eau, dans laquelle on bougeait plus lentement. La plus grande contrainte de cette technique restait son potentiel destructeur trop élevé. Solliciter intelligemment Ahito en passant d’un état à un autre était trop coûteux en Nen pour Kage, alors il ne pouvait pas avoir recours à cette alternative pour ménager sa force. Heureusement, tous ses entraînements lui avaient permis de développer deux autres solutions : se déplacer à grande vitesse jusqu’à devoir utiliser une grande puissance ou rester totalement immobile. Alors, il utilisa le reste de ses deux années d’entraînement au Nen pour perfectionner l’utilisation de son Hatsu : la Puissance Lourde.

Péril de l'Association Hunter
Après quatre ans à Shingen-ryu, Kage n’avait plus rien à apprendre en milieu scolaire. Idéalement, il devait poursuivre ses objectifs et acquérir de l’expérience de cette manière. C’est d’ailleurs ce que lui suggéra son maître. Désormais âgé de quatorze ans, Kage était un adolescent aux compétences remarquables. Lors de son départ de l’école, personne ne doutait de sa capacité à se construire une solide réputation en tant que Hunter. On disait qu’une autre finalité était impensable pour l’élève du grand Deucalion. Non sans saluer sa famille, qu’il était susceptible de ne plus voir pendant une longue période, il quitta Swaldani City pour retourner au Port de Dôllé. Non seulement il souhaitait y voir Milo, mais il espérait aussi que son père puisse le guider dans l’achat d’un bateau. Tout suggérait qu’il était déterminé à entamer sa carrière de Sea Hunter après quatre ans à devenir plus fort et à combattre ses peurs. Lors du voyage menant au continent Yamaan, il était plus rêveur encore que durant son enfance. Il se rendait compte que son rêve était à portée de main. Quand il arriva sur place, il fut surpris de voir que son ami l’attendait déjà, comme s’il avait été prévenu de son arrivée. En réalité, Milo avait pour habitude de se précipiter jusqu’aux quais dès qu’un bateau de voyageurs arrivait, et cela, il le faisait régulièrement depuis la dernière visite de Kage, un peu plus de deux ans avant ce jour. Très enjoués, les deux amis prirent le temps de se retrouver avant d’aborder les ambitions du Sea Hunter en devenir. Lors d’une seconde retrouvaille, monsieur Veriti vit toute l’ampleur de l’évolution de Kage. Il l’avait rencontré alors qu’il n’était encore qu’un enfant chétif, mais il était vite devenu un jeune homme fort. C’est pendant une séance de pêche que le Hunter aborda son idée : s’offrir une flotte afin de pouvoir partir en mer. Ambitieux, il ne voulait pas dépendre de qui que ce soit et avait l’intention d’être son propre capitaine. Le père de Milo lui trouva donc une affaire. Une petite semaine passa avant qu’il ne puisse poser le pied sur le pont de sa nouvelle acquisition. Avec son statut de Hunter, il pouvait se le permettre. D’ailleurs, il apprit que le vaisseau appartenait initialement à un vieux Sea Hunter convalescent, qui n’avait plus la force de poursuivre son activité. Pour avoir été à l’abandon un moment, le bateau n’était pas dans le meilleur des états, mais avec un investissement régulier sur une période d’un mois, le trio le remit en conditon. Maintenant, Kage n’avait plus qu’à embarquer sur son merveilleux bâtiment à vapeur et à prendre la mer vers les contrées les plus mystérieuses du monde. Il ne le réalisait pas tout à fait, mais il était officiellement le capitaine du SS Valiant. Peu d’adolescents de quatorze ans pouvaient se vanter d’un exploit similaire.
Pour le jeune homme, tout allait pour le mieux, mais c’était sans compter les événements tragiques qui se produisirent cette année. Surgissant de l’ombre, une assemblée terroriste entreprit de faire tomber l’association Hunter en perpétrant des attaques aux quatre coins du monde. On tenta bien de faire appel à la prudence, à l’aide d’appels téléphoniques et de courriers écrits, mais la violence des assauts était telle que l’éradication de l’ennemi était le seul espoir d’un retour à la paix. À son échelle, Kage mit tout en œuvre pour contribuer à cette bataille. Il rassembla plusieurs Hunters compétents du Port de Dôllé afin qu’ensemble, ils se chargent de la défense de la ville depuis la mer. Milo avait insisté pour être un membre de l’équipage, lui aussi, et ce, même s’il n’était pas Hunter. D'un naturel pourtant peureux, il s'était armé de courage pour aider à défendre sa ville. En effet, ses connaissances en matière de navigation et d’entretien du navire étaient plus que nécessaires. Sur le Valiant, le groupe mena d'innombrables combats contre des pirates et des bandits qui étaient tous motivés par la même finalité : voir l’Association Hunter disparaître. Durant ces confrontations, les Hunters qui maîtrisaient un Hatsu du Renforcement, comme Kage, étaient d’une grande aide, puisqu’ils étaient en mesure de faire couler les bateaux des assaillants. À plusieurs reprises, le jeune capitaine s’infiltra sur les vaisseaux ennemis pour sceller leur sort au fond de l’océan. Pour cette raison, on commença à le surnommer “ Kage aux pas de loup ”, en référence à sa discrétion et à la manière dont il se contentait de marcher lentement sur le pont d’un bateau pour finir par le briser en deux. Pendant cette période sombre, le jeune homme n’était pas en mesure de retourner dans sa ville natale, Swaldani, d’une part parce qu’il ne souhaitait pas laisser le Port de Dôllé derrière lui et d’autre part parce que la plupart des attaques venaient du continent Sabakan et bloquaient l’accès au Jappon. Lors d’une confrontation particulièrement marquante au sud-est du Royaume de Kukanya, le SS Valiant fut heurté violemment par la flotte ennemie, si bien que la moitié de l’équipage fut envoyé par-dessus bord. Les Hunters les plus expérimentés se servirent du Nen pour s’en sortir, mais Milo, qui avait subi le même sort, n’était pas capable de cette prouesse. En observant son ami disparaître vers les profondeurs, Kage se remémora ce qui lui était arrivé lors de l’examen Hunter. Ici, il n’avait pas le droit de se défiler, c’était à son tour de sauver quelqu’un. Armé du plus grand courage, il gonfla ses poumons, bloqua sa respiration et plongea. Ce qu’il ignorait encore, c’était qu’il venait de se donner la puissance nécessaire pour sauver son meilleur ami. Autour de Milo, plusieurs requins tournoyaient. Certains étaient de la terrifiante espèce des gueules d’argent, capable de broyer le métal avec leurs puissantes mâchoires. Autant dire que s’il n’agissait pas, Milo finirait en charpie. Kage se dépêcha alors d’envelopper son corps avec le Nen avant d’aller le prendre dans ses bras. Son objectif était simple : encaisser les attaques de requin à la place de son ami. Même avec la protection d’une aura, certains d’entre eux étaient si forts qu’ils restaient capable de lui arracher un membre, mais il n’avait pas le temps de trouver une meilleure solution. Tout ce qu’il espérait, c’était de pouvoir ramener Milo à la surface avant de subir trop de blessures. Avec ses jambes, il fit tout son possible pour remonter, mais la tâche était plus difficile que prévue. Il ne pouvait pas utiliser la Puissance Lourde pour nager plus puissamment, sous peine de broyer son ami entre ses bras. Quand la première morsure arriva, il ne sentit rien. Il pensa d’abord que l’adrénaline lui permettait de continuer à avancer, mais ce n’était pas le cas. En réalité, les assauts des requins ne parvenaient pas à le blesser. C’était à n’y rien comprendre, mais il décida de saisir l’occasion pour mener à bien son sauvetage. Avec l’un des squales fermement accroché à son avant-bras droit, il fut remonté sur le bateau. Quand il eut le malheur de reprendre son souffle, une quantité affolante de plaies apparurent sur son corps et le requin, qui n’avait toujours pas décidé de lâcher prise, enfonça ses dents jusqu’à son os. Naturellement, la douleur ressentie lui arracha des hurlements de souffrance. Il l’ignorait encore, mais il venait d’expérimenter une seconde capacité, que son aura avait modelé spontanément selon ses besoins avant qu’il ne se jette à l’eau. Plus tard, il la nommerait “ l’Armure Indolente ”. Elle lui permettait de retarder les dégâts subis en retenant son souffle. Grâce à elle, il avait eu le temps de sauver Milo, mais il s’était condamné à de graves blessures. Tandis que le bateau de l’ennemi prenait la fuite pour avoir subi une casse trop importante suite au choc, l’équipage en profita pour naviguer le Valiant endommagé jusqu’au Port de Dôllé. Leur objectif était d’y rapatrier Kage afin de le soigner. Entre-temps, il fut maintenu en vie tant bien que mal par l’infirmière du navire.
Le blessé revint à lui quatre jours plus tard, installé chez la famille Veriti. Ils furent tous ravis de le voir enfin ouvrir les yeux et spontanément, il leur adressa un sourire. Il était heureux de constater qu’il n’avait pas échoué : Milo était là et il n’avait de cesse de lui exprimer sa reconnaissance. De son côté, il était dans un état déplorable, mais il était bien là. Près de quatre années étaient passées depuis le début de cette guerre et, il l’ignorait encore, mais elle venait de toucher à sa fin. Les nombre d'attaques au nom de la chute de l’Association Hunter diminuaient progressivement. Bien sûr, le monde n’était pas soudainement devenu un havre de paix, bien au contraire, mais le pic de violence venait d’être franchi et on espérait de plus en plus revenir à une vie normale. Le Sea Hunter, maintenant âgé de dix-sept ans, mit un mois à se remettre complètement, avec une médication rigoureuse et l’intervention d’un Hunter dont le Nen possédait des propriétés curatives. Dans ce laps de temps, il demanda à un forgeron de Dôllé de lui fabriquer une arme sur le modèle d’une dent de requin
Dans ce laps de temps, il demanda à un forgeron de Dôllé de lui fabriquer une arme sur le modèle d’une dent de requin, restée plantée dans son avant-bras après la mort de la bête. Celui-ci donna forme à une longue lame, qui pouvait être fixée sur ce même membre. Kage en appréciait l’aspect symbolique, pratique et esthétique. En effet, le brassard en cuir permettait de dissimuler les cicatrices qu’il arborait désormais. Le nom de cette arme lui vint naturellement : Dent de la Mer. À mesure qu’il la portait, on commença à l’appeler “ Croc Blanc ”, aussi en référence à la férocité avec laquelle il avait défendu la ville ces dernières années. Après quelque temps, quand il fut certain que les mers étaient redevenues relativement sûres, le jeune héros décida de rentrer au Jappon. Il n’avait pas eu de nouvelles de ses proches depuis qu’il en était parti et il craignait qu’il leur soit arrivé quelque chose pendant cette guerre. Avec son navire remis à neuf, il navigua vers les côtes de son pays. Il prit avec lui une partie de son équipage, parmi lesquels se trouvaient des Hunters qui avaient de la famille à Swaldani City ou qui avaient quelque chose à y faire. À l’inverse, il dut laisser derrière lui ceux qui étaient retenus au Port de Dôllé par leurs responsabilités, comme Milo. Voyager pour se contenter d’atteindre une destination était rafraîchissant pour Kage. Depuis le début des attaques, il n’était jamais monté dans le SS Valiant sans s’attendre à un affrontement en mer et il ne s’était jamais trompé. Pendant ces années, il avait perdu un nombre conséquent d’alliés et il regrettait profondément cette tournure. C’est mélancolique qu’il atteignit le Jappon, sans savoir qu’il n’avait pas tout vu des répercussions de la guerre. Une fois à Swaldani City, il commença par s'assurer de la sécurité de ses parents. Par chance, rien ne leur était arrivé. Kage avait été particulièrement inquiet à leur sujet car sa mère était une Temp Hunter, qui plus est une gardienne de prison. Le couple était alors une cible de choix pour des terroristes, mais heureusement, ils allaient bien. Hélas, même si la joie des retrouvailles les emportaient, ils restaient tourmentés. Le fils dut insister afin qu’ils trouvent leurs mots et avouent la terrible nouvelle, mais finalement, ils lui annoncèrent la mort de Deucalion, son maître. Là, le monde de Kage s’effondra. Son professeur, celui qui avait fait de lui celui qu’il était, avait rendu l’âme six mois avant son retour, en défendant la ville de Swaldani et Shingen-ryu. L’élève exigea qu’on lui rende un hommage digne de ce nom, alors toute l’école travailla, avec son soutien, à organiser une cérémonie en l’honneur du héros japponais. Le jour venu, des Hunters du monde entier vinrent honorer le défunt, qu’ils portaient en haute estime. À cette occasion, de nombreuses larmes furent versées. Kage, lui, resta digne, comme son maître l’aurait voulu. Quand le rassemblement prit fin et qu’il ne restait sur les lieux que la famille et les amis proches du disparu, le Hunter fut approché par un homme de la quarantaine, accompagné par sa fille de onze ans, Ada. Il annonça qu’il était le fils de Deucalion et qu’il souhaitait discuter. D’après lui, son père parlait très souvent de Kage comme d’un élève extraordinaire, dont il était très fier. Ces mots frappèrent le concerné en plein cœur. Pour lui, être la fierté d’un homme comme Deucalion était le plus bel accomplissement de sa vie. Les trois proches du défunt conversèrent longuement. Le père et la fille s’accordaient d’ailleurs à dire que l’élève ressemblait énormément au maître, ce qui réchauffa davantage le cœur de Kage. Au moment de se quitter, ils décidèrent de lui remettre un objet hautement symbolique : le ninjato de Deucalion. Selon eux, son disciple était le seul à pouvoir dignement le porter, alors il le fit. Depuis lors, il garde l’arme dans son dos, sans jamais la dégainer. Il estime qu'il s’agit d’un moyen d’honorer son maître sans jamais salir sa mémoire.

Bataille du Gouffre Noir

Les années qui suivirent le décès de Deucalion, Kage mit tout en œuvre pour être le successeur prodigieux qu’on espérait qu’il soit. Il ne pouvait pas tolérer que la réputation de son professeur puisse être ternie par une piètre performance de sa part, alors il se donnait à fond, tout le temps. Il continua à se forger un nom en tant que Sea Hunter, en voyageant dans une grande partie des mers du monde. Il luttait contre la piraterie, participait au contrôle des espèces et épaulait les Treasure Hunters lors de leurs missions en mer. Quand il avait assez de temps libre, il rentrait à Swaldani City pour saluer sa famille et apporter un soutien financier à l’école de Shingen-ryu. Il avait aussi pour habitude de s’installer devant la pierre tombale de son maître, érigée dans la cour de l’établissement, là où ils s'entraînaient tous les deux. Il y méditait longuement, comme autrefois, avec le sentiment d’être surveillé et guidé par Deucalion. Au fil du temps, il commença d’ailleurs à développer une technique de méditation bien particulière. Effectivement, il souhaitait améliorer sa concentration en situation de combat. Il était évident qu’avec des techniques comme celles de la Puissance Lourde et de l’Armure Indolente, un meilleur contrôle de lui-même lui serait grandement utile. Pour procéder, il prit l’habitude de constituer une boule d’aura et de la faire flotter à quelques mètres devant lui, en exploitant l’Émission. Tout en gardant un bras tendu vers elle, il poursuivait ses séances de médiation. De cette manière, il associait l’utilisation de son Nen à un état de grande concentration.
concentration. En plus du calme qu’il parvenait déjà à ressentir à travers l’apparition d’Ahito le nonchalant, ce dernier le rendrait d’autant plus efficace. Cette méthode lui donna plus d’avantages qu’il ne l’imaginait, puisqu’à force de l’utiliser, il se surprit à développer une nouvelle technique. À terme, plus il se concentrait sur la sphère de Nen et plus cette dernière semblait gagner en puissance, s’engageant dans une rotation de plus en plus rapide en attirant et en faisant tournoyer son entourage immédiat. Pour continuer à la travailler, Kage dut quitter Shingen-ryu pour se rendre dans une contrée reculée du Jappon et ne pas endommager les infrastructures urbaines. Quand il estima que sa technique était au point, il la nomma “ Vortex Atonique ”.
Cinq années s’étaient écoulées depuis la mort de Deucalion. Kage était âgé de vingt-deux ans et sa réputation n’était plus à refaire. Peu de gens ignoraient qui était cet homme aux cheveux blancs et aux yeux rouges, que l’on nommait encore “ Croc Blanc ” ou encore “ Kage aux pas de loup ”. Au Port de Dôllé et à Swaldani City, surtout, sa renommée était sans précédent. Ce que tous ignoraient, c’était qu’il allait accomplir bien plus grand encore. La veille de ses vingt-trois ans, l’Association Hunter lui attribua une tâche pour le moins dangereuse. On disait que depuis de longs mois, les eaux de l’archipel Barusa étaient noircies par du pétrole. En l'absence de Sea Hunters suffisamment compétents pour aller enquêter, le phénomène n’avait fait que gagner en gravité. Pour le stopper, on avait alors fait appel à Kage, dont le palmarès était déjà imposant. En acceptant cette tâche, il savait pertinemment qu’il y avait des chances pour qu’il n’en revienne pas vivant, tant la mer de Barusa était réputée pour sa violence. Jamais le disciple de Deucalion ne se défilerait devant une mission de cette importance. S’il souhaitait honorer définitivement son maître, c’était l’occasion qu’il devait saisir. Sa préparation dura un mois, durant lequel il dépensa la somme nécessaire pour que le SS Valiant et son équipage soit paré à toute éventualité. Il avait d’ailleurs insisté sur la dangerosité de la mission, auprès de ceux qui l’accompagnaient. En conséquence, certains d’entre eux décidèrent de rester sur place, mais la grande majorité de l’équipage ne se laissa pas effrayer par la difficulté de l’opération. C’était là un signe de leur grande confiance envers leur capitaine. Pour la plupart, ils s’étaient rencontrés dans l’urgence il y a près de dix ans, à l’époque sombre de l’Association Hunter, alors on pouvait dire qu’ils formaient une petite famille. En apprenant la nouvelle du départ de Kage vers l’archipel Barusa, Milo décida de se joindre à lui. Bien sûr, le Sea Hunter n’était pas ravi de risquer la vie de son meilleur ami, mais il semblait impossible à dissuader : il voulait voir ces mers légendaires de ses propres yeux. De plus, il était toujours un atout indéniable à la navigation, lui qui possédait un sixième sens extrêmement aiguisé. Quand tous les prérequis furent remplis, le bateau quitta le continent Yamaan pour aller vers le sud. Il contourna le continent Yorubian par l’ouest afin de faire une escale dans l’Empire de Sahelta et de finalement poursuivre jusqu’au fameux archipel Barusa. Le trajet dura environ un mois. Sur place, les forces déjà diminuées de l’équipage du Valiant firent face aux forces de la nature dans leurs formes les plus violentes. Le navire, pourtant renforcé au préalable, manqua d’être retourné et englouti par l’océan plusieurs fois. De sa vie, Kage n’avait jamais rien vu de tel et l’air terrifié que ses compagnons avaient sur le visage montrait que c’était leur cas également. Malgré tout, le capitaine s’efforça de superviser la navigation d’une main de maître. La peur était là, mais elle ne dissuadait personne d’aller jusqu’au bout de cette mission. Nul ne voulait l’avouer, mais il n’y avait que deux alternatives : rentrer victorieux ou mourir ici. À force d’acharnement, la flotte parvint à se frayer un chemin entre les îles en suivant la marée noire, jusqu’à apercevoir la source du malheur.
Plus loin, un nuage de fumée noire s’élevait au-dessus de la mer. Ce spectacle singulier rassura et inquiéta simultanément les membres de l’équipage. Ils étaient ravis de voir qu’ils approchaient du problème, mais ils appréhendaient aussi ce sur quoi ils allaient tomber. À mesure qu’ils avançaient, la mer jusqu’alors déchaînée se montra plus calme. Très vite, les vagues puissantes laissèrent place à un calme inquiétant. Enfin, leur cible se présenta à eux. Au cœur des mers de l’archipel, un gigantesque bateau était ancré. Une cheminée auxiliaire expulsait puissamment la fameuse vapeur opaque qu’ils avaient aperçue plus tôt et qui avait fini de les conduire ici. Elle indiquait que même si le bateau n’était pas en mouvement, une machinerie tournait à plein régime dans le ventre de la bête. Avec un peu de réflexion, il était relativement aisé de deviner que cet engin était à l’origine de la marée noire. Une vérification sur place pourrait leur prouver qu’ils avaient raison puisque des pompes ramenaient directement de l’or noir depuis les profondeurs jusqu’aux grands réservoirs visibles sur le pont. Ici, les responsables commettaient deux crimes, puisqu’en plus de piller une ressource naturelle, ils polluaient la mer de Barusa. Tout laissait croire qu’ils avaient endommagé les fonds marins plus que de raison et causé des fuites en tentant de perpétrer leur vol. Pour stopper le massacre, Kage devait veiller à ne pas attaquer aveuglément le bateau, sous peine d’endommager le système d’extraction et de répandre encore plus de pétrole dans l’océan. Idéalement, il fallait arrêter directement les responsables. L’approche la plus simple était d’aller à l’abordage, mais en voyant le SS Valiant au loin, l’ennemi devait déjà se tenir prêt à les accueillir. C’était sans compter sur leur audace, puisqu’ils décidèrent de s’emparer de l’effet de surprise en attaquant les premiers. Un second navire surgit de l’ombre du premier pour s’approcher de l’équipage du Sea Hunter. Il était plus petit que l’autre et avait tout l’air d’être conçu pour le combat. Puisque l’un était trop gros pour être maœuvré efficacement, il était judicieux d’avoir l’autre pour l’escorte et la défense. Ce bateau, Kage et ses compagnons l’avaient déjà vu quelque part, puisqu’il s’agissait de celui qui les avait percutés au large du Port de Dôllé un peu plus de cinq ans avant cela. Milo et Kage avaient frôlé la mort ce jour-là, mais heureusement, la force de l’impact n’avait pas laissé les assaillants indemnes et les avait forcés à fuir. Alors qu’ils se faisaient face une fois de plus, le vaisseau adverse arborait désormais un nom, inscrit sur sa coque : The Pegasus. Là encore, c’était une information qui ne laissait pas Kage indifférent. Depuis plus de trois ans maintenant, on ne cessait de parler de ce navire, dont l’équipage était mené par un certain Capitaine Galley. De nombreux marins avaient mentionné ces pirates, mais aucun Sea Hunter n’avait pu leur mettre la main dessus pour les arrêter. On comprenait qu’ils avaient dû commencer à se faire un nom alors que l’Association Hunter était en péril et qu’ils avaient poursuivi leur vie entre vols et meurtres. Ainsi, faire main basse sur une énergie fossile était leur dernier plan en date. Ce qui s’annonçait dans un premier temps comme une opération contre des pillards trop téméraires se profilait maintenant comme un combat titanesque. De nouveaux chocs se produirent entre les deux bateaux, car c’était là la spécialité du Pegasus, mais cette fois, son châssis renforcé lui permettait d’être bien plus efficace. Heureusement, celui de Kage n’était pas en reste, spécifiquement consolidé pour affronter l’archipel Barusa. Sur la longueur, il perdrait, mais pour l’heure, il arrivait encore à tenir bon. Dans un premier temps, ce fut un combat de navigation, mais bien vite, une partie des pirates lancèrent un assaut en se jetant sur le pont du Valiant. Parmi eux, il y avait des criminels expérimentés qui étaient en mesure d’utiliser le Nen. Kage dirigea son équipage de sorte à ce que leur bateau subisse le moins de dégâts possible et s’éloigne du leur. Après quelque temps, ils parvinrent à éliminer ou à faire passer par-dessus bord une bonne partie des ennemis les ayant abordés. Là, le Sea Hunter donna l’ordre de feindre la fuite pour pouvoir entamer une navigation en cercle autour du troisième bateau, toujours à l’arrêt. En procédant, ils s’assuraient de ne pas être interceptés par le Pegasus, qui n’avait d’autres choix que de les suivre. S’il prenait le temps de faire demi-tour dans l’espoir de les arrêter de face, alors le Valiant ferait de même. Le déroulement de la bataille ressemblait maintenant à une épreuve d’endurance : le bateau qui tomberait à court de carburant en premier perdrait. Cependant, Kage ne souhaitait pas prendre le risque d’en arriver là. Il profita de la distraction ainsi mise en place pour envoyer deux des meilleurs combattants de l’équipage sur la flotte centrale. Il s’y trouvaient encore quelques pirates, mais ils se débarrassèrent d’eux sans mal et s’activèrent à arrêter les pompes. Quand la cheminée cessa de produire la fameuse la fumée noire, le Capitaine Galley constata avec rage qu’on s’était joué de lui. Malheureusement pour lui, il n’était pas au bout de ses peines. En hurlant à ses hommes de mettre le cap sur le bateau central pour en reprendre le contrôle, il remarqua que le Pegasus commençait à tanguer de plus en plus violemment. Debout sur le pont du SS Valiant, Kage avait utilisé le Vortex Atonique tout au fond de l’eau au début de l’affrontement. Tout en guidant son équipage, il avait continué à le renforcer, le faisant remonter progressivement à la surface, dans le but de piéger l’ennemi lorsqu’il passerait dessus. La sphère de Nen avait fini par emmagasiner une puissance considérable et le vaisseau adverse venait tout juste de pénétrer dans son champ d’action. Galley tenta bien de s’en extirper avec toute la force des moteurs, mais il était trop tard. The Pegasus finit par se renverser et par tournoyer comme une vulgaire brindille, jusqu’à ce que sa coque n’éclate. Kage venait de créer un véritable maelström et les pirates en étaient les victimes. Quand il fut sûr que l’ennemi avait sombré, il s’arrêta, afin de ne pas prendre le risque d’emporter les deux autres bateaux, dont le leur, dans le tourbillon à l’appétit grandissant. Peu à peu, la mer se calma à nouveau. L’équipage du Valiant, qui pensait avoir déjà gagné, commença à envisager leur retour au Port de Dôllé quand une ombre surgit sur le pont. Dans une rage extrême, le Capitaine Galley se tint juste devant eux, le corps brisé de toute part. Il hurla sa frustration et se jeta sur le premier matelot en vue, comme s’il avait l’espoir de réduire chacun d’entre eux en lambeaux. Cependant, il fut intercepté par Kage, qui l’envoya valser à l’autre bout du bateau. Alors, le Sea Hunter s’avança lentement, puis s’immobilisa devant son ennemi. D’un coup, ses paupières s’alourdirent et son corps se relâcha. Les combattants les plus avisés pouvaient constater que sa puissance latente était extraordinaire.
❝ Vous semblez avoir hâte de mourir. Navré, mais j'ai l'intention de prendre mon temps. ❞
Ces mots signèrent la véritable fin du combat. Dans un bruit sourd, le bateau et même la mer tremblèrent brutalement. Immédiatement, la dépouille du Capitaine Galley fut propulsée plusieurs centaines de mètres plus loin, retournant à la mer. Cette fois, il ne reviendrait pas.
Sans perdre de temps, les héros s’activèrent à préparer un plan pour quitter les lieux. En effet, la mer recommençait peu à peu à s’agiter, comme si elle reprenait ses droits après avoir été libérée de ses bourreaux. Une moitié de l’équipage fut envoyée sur le bateau d’extraction, afin de le préparer au départ. De toute évidence, le laisser ici n’était pas la meilleure des idées. Il finirait par être endommagé et la marée noire ne ferait que s’aggraver. De plus, il était possible que son contenu devienne la convoitise d’autres pirates. Kage profita des réserves en carburant conséquentes de ce deuxième bateau pour ravitailler le sien et être sûr de pouvoir quitter l’archipel. Ils pouvaient déjà lever l’ancre, mais il leur restait un dernier devoir. Ils devaient faire le nécessaire pour limiter la fuite du pétrole, alors en mettant en œuvre diverses capacités de Nen, l'équipage reboucha tant bien que mal les fosses qui se trouvaient au fond de l’eau. Ce n'après la tâche accomplie qu’ils partirent. Avec l’expérience de l’allée, le retour se révéla beaucoup moins effrayant, même s’il avait creusé la distance entre les deux bateaux. Le SS Valiant était relativement petit et rapide, tandis que l’autre était beaucoup plus gros et lent. D’ailleurs, Kage avait tenu à s’y trouver, pour aider à la navigation. Ils bravèrent la mer longuement jusqu’à ce que, au terme d’une escale et d’un mois et demi, ils puissent accoster au Port de Dôllé. Ils avaient deux semaines de retard sur le premier bateau, mais ils étaient bien là. Comme souvent dans la ville portuaire, Kage fut accueilli en héros pour avoir mené à bien une mission de cette envergure. Avec l’aide de ses alliés, il avait accompli trois exploits : il avait limité l’aggravement de la marée noire, ramené le bateau en cause et arrêté les pirates du Pegasus. L’équipage fut généreusement récompensé par l’Association Hunter pour ces exploits lors de ce conflit que l’on nomma “ la bataille du Gouffre Noir ”. À cet effet, Kage se vit confier une étoile, preuve indéniable de son accomplissement. À partir de ce jour, on lui attribua un surnom de plus, certainement son plus célèbre : Maelström de Barusa.
Ada Smirnov
Quelques mois après la bataille du Gouffre Noir, Kage avait été renvoyé à l’archipel Barusa pour escorter un petit groupe de Hunter. Avec leur Nen et un équipement adéquat, ils étaient censés purifier la mer du pétrole restant et terminer définitivement le travail. Cette seconde opération se passa sans mal, mais elle dura un moment et nécessita deux allers-retours depuis le continent Yorubian. Quand le Sea Hunter fut enfin soulagé de cette mission, il était déjà âgé de plus de vingt-trois ans. Afin de mettre en œuvre le temps libre dont il disposait enfin, il retourna à Swaldani City. Là-bas, il s’adonna à ses occupations habituelles : saluer sa famille, apporter son soutien à l’école de Shingen-ryu et se recueillir sur la tombe de son maître. Un jour, alors qu’il y déposait des fleurs, il fut interrompu par une jeune femme. Elle arborait une chevelure noire courte et s’habillait comme un véritable garçon manqué. Son visage était extrêmement familier à Kage, mais il ne parvenait pas à la reconnaître. Assez décontenancée par cette fatalité, elle dut se présenter plus formellement. Il s’agissait d’Ada Smirnov, la petite-fille de Deucalion, qui était le maître du Sea Hunter. En apprenant cette nouvelle, ce dernier se montra très surpris. Il la reconnaissait bien, désormais, mais il n’avait pas réalisé que tant d’années étaient passées depuis la mort de son professeur. Alors qu’il n’avait vu Ada qu’une fois quand elle avait onze ans, il la croisait à nouveau à l’âge de dix-sept ans. De toute évidence, ils avaient eu la même idée de venir se recueillir sur la tombe du défunt. Du moins, c’était ce que Kage pensait, mais la jeune femme lui avoua qu’elle était venue sur place pour l’y trouver. Pire encore, elle le cherchait depuis deux ans déjà, mais ses nombreux voyages en mer le rendaient visiblement difficile à rattraper. La raison qu’elle lui donna fut franche : elle souhaitait qu’il devienne son maître. Elle était devenue Hunter et avait entamé son apprentissage du Nen depuis quelques années maintenant, mais elle souhaitait recevoir l’expertise de Kage. De tous les élèves que son grand-père avait eu, il était le plus mémorable et celui qui lui ressemblait le plus. En devenant l’élève de Kage, elle espérait recevoir l’héritage de Deucalion, comme par procuration. En entendant cette demande, ou plutôt cette exigence, le concerné ne parvint pas à retenir un sourire de bonheur. Si n’importe qui d’autre lui avait demandé la même chose, il aurait certainement refusé, mais dans le cas d’Ada, c’était différent. Il ne pouvait pas décliner cette requête à la petite-fille de son maître. Dans une scène aussi belle que symbolique, il accepta, juste devant la pierre tombale du Lost Hunter et dans cette cour où il avait suivi ses entraînements. De la même manière que Kage, Ada fut ravie mais aussi émue.
C’est dès le lendemain que l’enseignement débuta, au même endroit. L’école de Shingen-ryu n’avait évidemment pas su refuser de céder l’endroit aux deux Hunters pour qu’ils s’y exercent. Dans un premier temps, Kage souhaitait aider son élève à compléter son apprentissage du Nen. Elle avait bien réussi à manifester un Hatsu, mais sa maîtrise des techniques avancées n’était pas tout à fait au point, alors le maître décida de s’attarder sur cet aspect. La jeune femme n’avait aucun mal à mettre en œuvre ses conseils, alors elle combla rapidement ses lacunes. Même si elle avait entamé sa carrière de Hunter et son entraînement bien plus tard que lui, elle se rapprochait déjà de son niveau lorsqu’il avait le même âge. Pour rappel, à dix-sept ans, Kage venait de passer trois années à défendre férocement les mers qui bordaient le sud du continent Yamaan. Cette anecdote seule expliquait bien à quel point Ada était prodigieuse. Son plus bel atout était d’ailleurs sa perspicacité ; rien ne semblait pouvoir lui échapper. Quand ses bases de Nen furent suffisamment solides pour passer à la suite, Kage quitta le cadre de l’école. Il invita son élève à embarquer sur son bateau pour une expérience très singulière. Alors, il remarqua que le voyage la rendait rêveuse, ce qui le poussa à la questionner sur son avenir. Il supposait effectivement que la carrière de Sea Hunter puisse l’intéresser elle aussi. Elle ne fut pas en mesure de lui donner de réponse précise. De ce qu’il parvenait à comprendre, elle voulait être Sea Hunter comme lui et Lost Hunter comme son grand-père afin d’embrasser doublement son héritage, mais elle n’était pas totalement sûre. Idéalement, elle pouvait devenir l’un, puis l’autre, mais ce processus pouvait prendre un certain temps. Kage ne la questionna pas davantage et la laissa à ses rêveries, jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination : une île minuscule au nord-est de l’Empire de Sahelta. Sur le papier, le principe était simple : y survivre. En pratique, en revanche, c’était autrement plus compliqué. Kage n’avait pas l’intention d’abandonner son élève sur place et de s’éclipser, il souhaitait relever ce défi lui aussi. Pour Ada, ce serait l’occasion d’apprendre à survivre à partir de rien et pour Kage, ce serait un moyen de renforcer ses acquis de Sea Hunter. La jeune femme ne se montra absolument pas réticente à cette idée, et pour cause, elle était prête à tout pour suivre les enseignements de son maître jusqu’au bout. Après l’avoir aidée à finir son apprentissage du Nen, ce dernier aurait pu lui dire d’aller à l’aventure seule, mais il avait décidé de l’accompagner jusqu’au bout, par respect pour sa demande. Tout comme il avait voulu devenir un excellent Hunter à l’époque, il souhaitait qu’Ada suive le même chemin pour honorer la mémoire de son grand-père. Sans ramener la moindre ressource extérieure, le maître et l’élève s’efforcèrent de survivre sur l’île pendant cinq longs mois. La chasse, l’agriculture et la pêche leur permirent d’y parvenir. À la fin de leur exil volontaire, une jolie petite cabane se dressait sur le morceau de terre. L’aspect le plus difficile avait été de résister à l’urgence d’aller s’abriter sur le bateau pendant les premières semaines, mais ils y étaient parvenus. Ada avait beaucoup gagné en savoir, mais aussi en force. Désormais, elle n’avait plus grand chose à envier aux Hunters les plus chevronnés qui, comme Kage, voyageaient sans cesse. Sa capacité à survivre en toute situation n’était plus à remettre en question. Inévitablement, la relation entre le maître et l’élève s’en trouva grandement améliorée. Après tout, leur différence d’âge n’était pas énorme, alors la formalité du début avait fini par laisser place à une forme de fraternité. Cette fois, Kage pouvait véritablement la laisser s’engager seule à la poursuite de ses ambitions. En effet, il n’avait pas la moindre envie d’entraver son potentiel et la forçant à voyager plus longtemps avec lui. Ada était déjà pratiquement adulte, lors de leur seconde rencontre, alors il était temps qu’elle prenne son envol.
Avec l’expérience et les conseils acquis, la jeune femme accepta la demande de son maître, non sans exprimer une certaine tristesse. Elle n’arrivait pas à croire que son entraînement touchait déjà à sa fin et pourtant, elle savait qu’il ne lui restait plus qu’à découvrir sa voie. Deucalion était devenu Lost Hunter très tôt dans sa vie, tout comme Kage avait souhaité être Sea Hunter dès l’âge de dix ans. En comparaison, elle avait l’impression de faire pâle figure, presque sans ambition à l’âge de dix-huit ans.Malgré tout, elle prit son courage à deux mains pour honorer son maître, tout comme ce dernier l’avait fait pour son grand-père des années auparavant. Pendant deux ans, elle se chercha activement un objectif, mais cela ne l’empêcha pas de se faire un nom. Il était impossible de ne pas connaître la petite-fille de Deucalion et l’élève de Kage, après tout. On aimait dire qu’elle était extrêmement

ans, elle se chercha activement un objectif, mais cela ne l’empêcha pas de se faire un nom. Il était impossible de ne pas connaître la petite-fille de Deucalion et l’élève de Kage, après tout. On aimait dire qu’elle était extrêmement polyvalente, aidant les populations des quatre coins du monde dès qu’elles se trouvaient dans le besoin. Avec son Hatsu de la Manipulation, qui lui permettait d’altérer la taille d’un objet au toucher, elle se fit surnommer “ la Magicienne ”. Elle était capable de prouesses surprenantes et de résoudre tous les problèmes dont elle décidait de s’occuper, comme par magie. Bien sûr, Kage et elle se retrouvaient assez régulièrement à Swaldani City et le maître était toujours impressionné de ce qu’il entendait de son élève. Il ne tarda pas à lui avouer qu’elle le rendait extrêmement fier. À quelques occasions, il la prit même avec son équipage sur le SS Valiant, pour mettre son talent à profit ici et là. Hélas, Ada continuait à lutter contre son problème de toujours : elle n’arrivait pas à se faire à l’idée de ne pas être spécialisée dans un domaine. Alors, embrassant son rôle de maître à nouveau, le Sea Hunter guida la jeune adulte. Il lui rappela que le fait même qu’elle ne s’engage pas dans une branche précise de la profession de Hunter était la raison pour laquelle elle
dans une branche précise de la profession de Hunter était la raison pour laquelle elle était si appréciée. Elle venait en aide à n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, sans distinction. Après la période sombre dans laquelle le monde avait été plongé plus de dix ans auparavant, elle représentait un renouveau. Voilà peut-être ce dans quoi elle excellait véritablement : redonner de l’espoir à ceux qui n’en avaient plus. Ce qu’ils ignoraient tous les deux, c’était que les paroles de Kage allaient avoir bien plus de sens qu’ils ne l’imaginaient. Sur le moment, Ada se sentit surtout rassurée. Elle comprenait enfin que pour son maître, ses actes comptaient plus que le reste. Il ne s’intéressait pas à ce qu’elle pouvait faire, il s’intéressait à ce qu’elle faisait en tout temps. Elle se laissa bercer par cet idéal pendant trois ans, jusqu’à ce qu’un jour, elle soit sollicitée par l’Association Hunter pour recevoir une étoile. Elle ne s’en doutait pas, mais ses accomplissements dans le monde avaient été remarqués depuis longtemps et on venait de faire d’elle la toute première Hope Hunter : un type de Hunter chargé d’entretenir l’indice de bonheur des populations. Elle n’en revenait pas. Sa première envie fut de retrouver Kage, d’une part pour lui annoncer la nouvelle, mais aussi pour le remercier. Depuis le départ, il avait raison. Grâce à lui, elle était pleinement épanouie et d’une certaine manière, il était son Hope Hunter personnel. C’est une semaine plus tard que les deux se retrouvèrent au lieu habituel, à Shingen-ryu. Le Sea Hunter, à qui on avait aussi accordé une étoile de plus grâce aux performances d’Ada, était venu la féliciter en personne. Sur place, il reçut un accueil plus chaleureux que jamais. Pour la première fois, il avait l’impression que son élève était pleinement épanouie dans sa profession de Hunter et, dans la manière dont elle le remerciait, on comprenait que c’était le cas. À cette occasion, elle lui offrit un cadeau qui devint tout de suite très important pour l’homme : une écharpe en laine rouge. À Swaldani City, le rouge était la couleur des sentiments bienveillants et de la protection.
Groupe Seirin

À l’occasion de l’acquisition de sa deuxième étoile, Kage décida de devenir plus polyvalent en endossant le rôle de Hunter sous contrats en plus de celui de Sea Hunter. Ces deux domaines s’alliaient à la perfection, surtout dans le cas d’un homme comme Kage, qui était déjà régulièrement sollicité. C’était aussi une façon de mettre à profit ses voyages par la mer. Lorsqu’il était le plus productif, il parvenait à accomplir ses missions au large alors même qu’il voyageait pour remplir ses contrats. À vingt-huit ans, il pensait que gagner plus de notoriété serait
INVENTAIRE
Une longue lame courbée qui se fixe sur l'avant-bras de Kage à l'aide d'un brassard en cuir. En contractant son muscle, il est capable de la déployer perpendiculairement à son avant-bras. À l'inverse, le relâcher permet de rabattre la lame.
Kage l'a fait forger sur le modèle d'une dent de requin, après le sauvetage de Milo. L'arme sert aussi à dissimuler les cicatrices des morsures subies.
Une épée japponaise tout à fait classique que Kage porte généralement dans son dos. Il ne la dégaine jamais.
Il s'agit de l'arme de son maître, qu'il a récupéré après sa mort.
Une simple écharpe de couleur rouge.
Elle a été cousue par son élève, qui lui a ensuite offerte.
Des armes de lancer de taille conventionnelle.
Du poison liquide contenu dans de petites fioles opaques. Kage en verse sur Dent de la Mer et sur ses shurikens pour les rendre plus dangereux. En pénétrant dans l'organisme de la cible, le poison adopte des propriétés paralysantes pour engourdir le membre blessé pendant un tour.
Kage les confectionne à partir d'algues de gorgone.
ECHARPE DE GRATITUDE
1
Shurikens
20
Fioles de poison
5
ninjato DE DEUCALION
1

dent de la mer
1
même qu’il voyageait pour remplir ses contrats. À vingt-huit ans, il pensait que gagner plus de notoriété serait difficile, mais on lui donna tort. Les promotions simultanées du maître et de l’élève avaient attiré les regards une nouvelle fois sur l’homme. Au terme d’un conseil, l’Association Hunter avait décidé de l’inviter à rejoindre le Groupe Seirin. Ce groupe, il le connaissait. Il s’agissait de Hunters professionnels à la renommée mondiale qui, depuis plusieurs années, s’étaient vus confier la traque de l’Yggdrasil, une organisation terroriste qui avait commencé à se faire remarquer lors de la grande crise de criminalité. Tant par ambition personnelle que dans une volonté d’empêcher les événements tragiques du passé de se reproduire, il agréa cette demande. Désormais âgé de trente-et-un ans, sa technique de la Puissance Lourde lui a valu le surnom de “ Frappe patiente de Seirin ”.
COMPETENCES ET STATISTIQUES
Kage justifie son appartenance au Groupe Seirin par une panoplie de compétences qui font de lui un atout unique à leur formation. À l’âge de trente-et-un ans, on estime tout d’abord que son expérience n’est plus à remettre en question. Il s’est engagé dans plusieurs voyages dès son plus jeune âge, parfois par contrainte et d’autres fois par ambition. Cette capacité à s’adapter même en dehors de sa zone de confort fait de lui un élément fiable en terrain inconnu. Il l’a d’ailleurs prouvé lors de son premier voyage jusqu’à l’archipel Barusa, en menant à bien la mission lui ayant été confiée. De la même manière, les nombreuses batailles auxquelles il a pris part lui ont conféré un grand sang-froid. Il a su s’habituer à la pression des situations les plus dangereuses, ce qui lui permet de rester lucide dans la plupart de ses prises de décision. Enfin, on peut mentionner la facilité de Kage à se positionner en tant que chef, comme en témoigne son statut de capitaine au sein du SS Valiant. Pouvoir relâcher la cohésion du groupe sur les épaules d’un vétéran est un avantage non négligeable au Groupe Seirin, cependant, Kage révèle une autre qualité en sachant rester en retrait quand son intervention n’est pas nécessaire. Ainsi, laisser le contrôle à un autre membre ne lui pose généralement aucun problème. En ce sens, il est polyvalent. À l’inverse, s’il y a bien un moment où Kage peut rarement déléguer son expertise, c’est en mer. Ses années d’expérience en tant que Sea Hunter sont particulièrement utiles à toute opération se déroulant au large. La disponibilité de son navire permet au Groupe Seirin d’étendre son champ d’action au-delà des continents lorsque la situation l’exige.
Si ses vingt-et-une années en tant que Hunter font de Kage une référence idéale de la profession, elles l’élèvent aussi au rang de combattant expérimenté. Initié aux arts martiaux depuis l’âge de dix ans, il a subi un entraînement rigoureux à Shingen-ryu. Très vite, il a cultivé sa grande affinité pour le ninjutsu, mais tout au long de sa vie, il a personnalisé cet art pour adopter un style hybride et plus aérien. Kage est d’ailleurs doté d’une très bonne condition physique et d’une musculature développée, lui permettant d’opérer avec efficacité même sans avoir recours à l’utilisation de son Nen. En termes de facultés intellectuelles, Kage est loin d’être en reste. Doté de très bonnes aptitudes d’analyse et d’anticipation, il a pour habitude de dresser un schéma mental des éventualités face à une situation donnée. Par conséquent, il s’agit d’un adversaire difficile à surprendre et, réciproquement, difficile à lire.
Habitué du combat au corps-à-corps V
Pour avoir suivi un entraînement rigoureux dès l’âge de dix ans, Kage est très compétent au corps-à-corps. De plus, son affinité avec le Nen du Renforcement l’a souvent conduit à mener des combats rapprochés et donc à perfectionner son art. Il aime particulièrement utiliser des feintes pour surprendre son adversaire. Sa souplesse lui permet d’adopter un style très acrobatique en combinaison avec des bases de ninjutsu.
Maître d'armes III
Tout comme pour les arts martiaux, Kage a été entraîné à manier diverses armes blanches dans sa jeunesse. Des années plus tard, il en garde une maîtrise correcte, mais il s’est surtout spécialisé dans l’utilisation de sa lame et dans le lancer de shurikens, auxquels il peut donner des trajectoires courbées. À l’inverse, il ne connaît rien aux armes à feu.
Vélocité développée IV
Si les propriétés de la technique principale de Kage peut laisser croire qu’il est lent, c’est en fait tout le contraire. Pour ne pas déployer constamment une trop grande force, il doit se mouvoir rapidement. Toute sa vie, il a entretenu sa vitesse pour s’élever parmi les combattants les plus vifs. Malheureusement, son endurance s’en trouve souvent diminuée.
Aisance aquatique IV
En tant que Sea Hunter, Kage est très à l’aise dans l’eau. Sa bonne condition physique lui permet de retenir sa respiration plus longtemps que la moyenne et de se mouvoir facilement. En utilisant ses techniques de Nen sous la surface de l’eau, il devient d’autant plus redoutable car elles s’y prêtent naturellement.
Stratège du combat V
Grâce à sa grande intelligence, Kage est en mesure de mettre en place des plans particulièrement élaborés. Son esprit vif lui permet d’analyser rapidement l’ensemble des informations à sa disposition pour en tirer les conclusions les plus pertinentes. Ses compétences de stratège sont dues à ses prédispositions et à ses expériences, mais il a aussi accumulé énormément de connaissances théoriques, notamment dans la Bibliothèque-Monde du Port de Dôllé. Son ouvrage favori sur le sujet s’intitule Un boulet contre deux, des célèbres écrivains Vilhelm et Vetur.
Stats.
Attaque
5/5
Défense
4/5
Vitesse
4/5
Intelligence
5/5
NEN
Kage possède une affinité naturelle avec le Nen du Renforcement. Celle-ci lui permet d’améliorer les caractéristiques physiques de son propre corps ou d’un objet. Par conséquent, il possède une puissance brute particulièrement élevée. Pour agrandir son champ de possibilités, il a exploité ses facilités avec le Nen de l’Émission, afin de pouvoir projeter son aura et attaquer à distance.
S’il y a bien un domaine dans lequel Kage excelle, c’est dans le contrôle de son Nen. Il est capable de le modeler à sa guise, comme en témoigne sa faculté à donner forme à une créature comme Ahito. L’utilisation qu’il fait des principes majeurs et des techniques avancées n’est pas révolutionnaire, mais elle est parfaite dans ses fondements. On le voit notamment à son Zetsu indétectable et à son En parfaitement uniforme. Il possède une grande connaissance du Nen et de ses propriétés, même au sujet des affinités qu’il ne maîtrise pas.
AHITO LE NONCHALANT N

Ahito est le nom de la créature selon laquelle se manifeste le Hatsu de Kage. Il s’agit d’un serpent de mer de couleur rouge et d’une longueur approximative de trois mètres. Il possède des yeux jaunes globuleux qui s’illuminent quand Kage attaque. Sa grande bouche est pleine de dents pointues et a tendance à s’ouvrir si grand qu’elle donne l’impression de vouloir avaler plus gros qu’elle.
Dès que Kage se met en tête d’utiliser son Hatsu, Ahito apparaît, enroulé autour de son corps comme pour restreindre ses gestes et calmer son agitation. On comprend alors le lien entre la créature et cette lenteur qui fait la force des techniques de Kage. De plus, Ahito repose généralement sa tête sur celle de son hôte avec une certaine nonchalance, ce qui lui a valu son surnom. À cette occasion, la tige luminescente de son front se balance devant les yeux de Kage, comme si, en plus de le restreindre, Ahito l’hypnotisait.
Ahito ne possède aucune consistance et ne peut pas attaquer directement. Il ne s’agit que de la représentation symbolique du Hatsu de Kage. Par ailleurs, il ne peut être vu qu’avec l’utilisation du Gyô.
Kage a imaginé Ahito en tentant de se remémorer la créature marine l'ayant attaqué lors de l'examen Hunter.
RENFORCEMENT F PUISSANCE LOURDE
Il s’agit de la technique principale de Kage. Ainsi, c’est celle qu’il utilise le plus en tant que Hunter. Son principe est relativement simple : plus un geste est effectué avec lenteur et plus la force qui en résulte est grande. Cette propriété ne s’applique pas uniquement aux coups et peut être utilisée dans la plupart des situations, que ce soit pour lancer un projectile ou pour sauter. Attention cependant : le facteur de temps n’entre pas en ligne de compte. Il est donc inutile de prolonger excessivement un mouvement dans l’espoir d’emmagasiner un maximum de puissance. Seule une vitesse faible agit comme un multiplicateur de force. Grâce à ce principe, Kage peut accomplir des prouesses physiques stupéfiantes. En combat, ses coups portés avec lenteur pourront laisser pour mort des utilisateurs de Nen aguerris et causer des dégâts considérables à son environnement.
Pour être aussi efficace que possible, Kage doit donc construire sa stratégie autour d’une contrainte de vitesse. De plus, Puissance Lourde prend effet au début du combat et s’applique continuellement à la totalité de son corps. Cela signifie que pour éviter de déployer constamment une trop grande puissance, il doit bouger rapidement ou rester complètement immobile. Effectivement, détruire sans cesse son environnement immédiat peut lui porter préjudice. Pour cette raison, il a tendance à drainer son endurance plus rapidement que la plupart des combattants en se déplaçant à toute vitesse.
La Puissance Lourde vient d'un conseil de Deucalion, qui souhaitait aider Kage à lutter contre son agitation et son manque de précision. Il s'agit aussi d'un rappel à la lenteur des mouvements dans l'eau.
RENFORCEMENT F ARMURE INDOLENTE
La technique de l’Armure Indolente sert principalement à la défense. Tout comme pour la Puissance Lourde, son fonctionnement est simple à comprendre. Quand Kage se prive d’oxygène, notamment en bloquant sa respiration, il est capable d’encaisser n’importe quelle attaque, qu’elle soit physique ou de Nen. Cela signifie qu’il ne subit aucun dégât et que tout recul est grandement réduit. Un adversaire qui porterait un coup à Kage dans cet état aurait l’impression de frapper une masse invulnérable. Cependant, tout comme lui, il n’essuierait aucun dégât lié à l’impact. Il est donc tout bonnement impossible de se blesser en heurtant l’Armure Indolente. En utilisant le Shu sur un objet, Kage peut lui conférer cette même propriété.
Si cette technique peut surprendre et donner l’impression de se retrouver face à un être invincible et des objets indestructibles, ce n’est pas le cas. En effet, ses avantages prennent fin dès que Kage recommence à respirer. Il endure alors d’un coup la totalité des dégâts et du recul qu’il aurait dû subir. Il en est de même pour les objets. L’Armure Indolente ne sert donc qu’à retarder l’inévitable. Il est important de noter que l’entraînement de Kage lui permet de retenir sa respiration plus longtemps que la moyenne, mais c’est sans compter l’importante fatigue physique que peut engendrer un combat et plus spécifiquement ses déplacements rapides. Il se sert principalement de cette technique pour surprendre l’opposant, secourir un allié ou se mettre dans de meilleures dispositions avant d’encaisser une attaque.
Kage a complété cette technique alors qu'il s'apprêtait à plonger en apnée pour sauver Milo d'une attaque de requins.
EMISSION p VORTEX ATONIQUE
Pour utiliser cette dernière capacité, Kage doit former une sphère de Nen dans l’une de ses mains puis la lancer. Elle se déplace alors lentement dans la direction voulue à une vitesse maximale d’environ 2 km/h. En bougeant sa main ouverte, Kage est capable de changer sa trajectoire. À l’inverse, elle arrête sa progression lorsqu’il ferme le poing. La sphère est en constante rotation et exerce une force d’attraction sur les éléments qui l’entourent. En d’autres termes, elle aspire son entourage immédiat et le fait tournoyer avec elle. Toute la force du Vortex Atonique réside dans le fait de gagner progressivement en portée et en puissance. En effet, le rayon d'attraction augmente d’un mètre à chaque tour et sa force s’y accorde proportionnellement. Ainsi, si au départ le projectile de Nen ne peut aspirer que quelques branches et feuilles, il peut finir par être aussi destructeur qu’une tornade avec suffisamment de temps.
Pour exploiter le Vortex Atonique à son plein potentiel, Kage doit impérativement garder sa main tendue vers la sphère, ouverte ou fermée. Dans le cas où il cesserait de le faire, elle perdrait rapidement en puissance et en portée jusqu’à disparaître totalement. De part sa lenteur et la contrainte physique qu'elle exige, il s’agit d’une technique difficile à employer lors d’affrontements directs. Enfin, il faut noter que même si Kage n’est pas affecté par la force d’attraction de sa propre attaque, il peut être blessé par les éléments extérieurs qu’elle emporte avec elle.
Le Vortex Atonique se base sur le phénomène du maelström et a été conçu par Kage alors qu'il exerçait initialement sa capacité à rester concentré sur un point donné.
NOTES
● Kage adore la mer et sait apprécier la pêche, mais étrangement, il n'aime pas particulièrement le poisson. Son équipage a pour habitude d'en rire.
● Quand il n'est pas occupé à naviguer ou à remplir un contrat, il tente de sculpter de petits objets en bois. Il n'est pas très doué, mais il se plaît à essayer.
● En gagnant en réputation, Kage a fait en sorte de protéger sa famille en dissimulant tout lien avec elle.
● Il a été sollicité pour superviser pas moins de dix examens Hunter. Sa personnalité a tendance à marquer les participants.
● Le personnel de l'école Shingen-ryu a proposé à Kage d'y enseigner, mais il a refusé par amour du voyage. Cependant, il n'est pas totalement fermé à cette idée.
● Kage et Jericho, devenu Hunter depuis bien longtemps, se sont déjà croisés au Jappon sans se reconnaître.